STOP : Stop ou encore?
Christof Migone est artiste, mais aussi commissaire. Dans l’exposition STOP, il réunit des oeuvres où absence, disparition, vide et mort sont des présences.
Le commissaire d’exposition est-il devenu un mauvais metteur en scène? De nos jours, il ne faut pas seulement rassembler des oeuvres de qualité (condition tout de même importante, même si elle n’est pas toujours respectée), il faut savoir créer une ambiance. Ce désir de spectacle peut avoir ses effets pervers, mais n’est pas par essence une mauvaise chose. Il y a différentes façons de faire du théâtre…
Dans cette expo montée par Christof Migone, cette mise en scène est très réussie. Elle est digne d’un film d’horreur ou à suspens. La sonnerie de téléphone (dans la vidéo d’Helen Tak) répond à une scène de meurtre (dans l’installation vidéo de Jones & Winn), qui fait écho à la salle de bois étouffante (de Samuel Roy-Bois) transpercée de trous, comme criblée de balles, qui amplifie l’effet déjà inquiétant de la voie d’un homme répétant les mots "il faut que je sorte d’ici!" (dans un film de Charlemagne Palestine)…
Mais un commissaire est plus qu’un metteur en scène. En France, on parle souvent d’"auteur d’exposition", même si des artistes, comme Buren, ont dénoncé cela. Disons que le commissaire doit être un interprète qui explique le sens ou (soyons plus réaliste) une partie du sens de l’oeuvre. Il doit élaborer une lecture de l’art et prendre parti dans les débats (artistiques, intellectuels, politiques…) de son époque. Et là encore Migone remplit bien sa mission. Dans une époque où l’art est pimpant et clinquant comme une pub Versace, il montre des oeuvres plus arides, dignes héritières de l’art conceptuel (l’intervention de Mastroiacovo sur la fin de l’art est superbe).
Ces pièces nous parlent d’un paradoxe que nous connaissons tous (en particulier en amour): l’absence est une présence plus présente que la présence. Migone souligne en fait un aspect de l’art conceptuel où ce n’est pas la dévalorisation du savoir-faire qui est si signifiante, mais la dépréciation et la disparition de l’objet. Quant au concept de rythmicité (énoncé dans le texte de présentation), il mérite des explications qui viendront certainement dans le catalogue (à paraître le 1er mars).
Jusqu’au 1er mars
À la Galerie Leonard et Bina Ellen
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À voir si vous aimez /
L’art conceptuel percutant comme un film à suspens
( pour Palestine, Roy-Bois et Mastroiacovo)