Isabelle Gauvin : Écoute-moi
Isabelle Gauvin, dans L’Échiquier des sourds, réfléchit sur l’importance de la communication. À ses oeuvres se combinent les témoignages de personnes sourdes, malentendantes et en processus d’alphabétisation.
La P’tite Fabrique du bonheur, Palpitations urbaines, Fronterre et, maintenant, L’Échiquier des sourds. Chacun des projets montés par Isabelle Gauvin dévoile un intérêt certain pour la société et ses enjeux.
Curieusement, l’artiste hésite un peu à endosser cette étiquette. "Je ne sais pas si ce sont des trucs sociaux, mais ce sont des projets qui font appel à l’interaction du public. Tu vois, L’Échiquier des sourds est né d’une réflexion sur le manque de communication entre les gens. Je me demandais pourquoi les membres d’une même communauté, voire d’un milieu cellulaire comme la famille, n’arrivaient pas à se comprendre", explique-t-elle en un souffle. Une image lui revenait alors sans cesse en tête: l’échiquier. "Le jeu avec les carrés noirs et blancs me faisait penser à l’attitude des Nord-Américains – qui pouvaient être les pièces d’échecs. En effet, ceux-ci sont souvent confinés à leur petite maison. Ils ont une clôture et une bordure de ciment dans l’entrée pour délimiter leur terrain, et ils ont de la misère à traverser la ligne pour changer de carré." Pour aller vers l’autre, finalement.
Mais dans ce maelström, comment faire pour rétablir le contact? Isabelle Gauvin s’est adressée à des spécialistes de la communication afin d’en connaître les clefs. Exit les psychologues et les firmes de communication, la jeune femme s’est rendue à une tout autre adresse. "Dans le fond, les spécialistes, ce sont des personnes qui vivent des défis tous les jours", croit-elle. D’où son travail avec l’Association des sourds de la Mauricie et COMSEP.
En effet, tant les personnes sourdes ou malentendantes que celles en processus d’alphabétisation doivent se créer des outils pour réussir à se faire comprendre, pour entrer en contact avec les autres. L’Échiquier des sourds est en quelque sorte la synthèse de leurs difficultés quotidiennes (isolement, rejet, déni…) et des moyens possibles pour s’en sortir. L’installation est un immense jeu d’échecs, où chaque pion grandeur nature renvoie à un individu qui s’est impliqué dans le projet et parle de ses obstacles. "J’ai décidé de rendre hommage aux participants en les dessinant. Y en a qui vont se reconnaître, d’autres moins. Pour moi, ça a été plus facile de parler de la communication à travers le personnage", commente Isabelle Gauvin. Par ailleurs, dans chaque sculpture, elle a intégré un objet (la clef d’une meilleure communication) fabriqué par chacun des participants.
L’expo est aussi nourrie par une vidéo truffée de témoignages. Celle-ci est réalisée par Dany Janvier (Biobazar, Le Band zen) et raconte la genèse de L’Échiquier.
Jusqu’au 23 mars
À la Galerie d’art du Parc
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L’art populaire, apprendre sur la réalité des personnes sourdes ou analphabètes