L’art miniature possède ce don remarquable de captiver, l’espace d’un instant, l’attention soutenue du spectateur. Le rapport à l’oeuvre est intime et personnel, laissant souvent place à des exclamations de surprise lorsque sont découverts des éléments inattendus dans un décor aux limites aussi restreintes…

À la Galerie Dale Smith, jusqu’au 2 mars prochain, les petits formats de Julie Liger-Belair plongent le visiteur dans un univers à la fois familier et fantaisiste. L’artiste de Toronto s’amuse à créer, à partir d’un assortiment d’objets trouvés, de fabuleux boîtiers colorés surplombant les pans des murs. Les matières utilisées, comme des morceaux de métal découpés, quelques plumes volatiles et des photogravures de personnages baroques, sont fignolées en des sortes d’autels bizarres abritant les figures légendaires ainsi reconstituées. L’expression populaire Nous sommes tous de drôles d’oiseaux demeure le fil conducteur de ce corpus surréaliste, et le tout repose, aussi étrangement, sur de séduisants (!) contenants de sardines évidés…

Les titres révèlent certains héros de la mythologie grecque, par exemple Séléné, Hestia ou Poséidon, auxquels la créatrice rend un hommage particulier, alors que d’autres évoquent des demi-dieux inventés de toutes pièces. Un brin de nostalgie est ressenti d’un ouvrage à l’autre, et en somme, les portraits bricolés s’offrent telle une série de confidences issues du monde de l’imaginaire, dans laquelle la complexité humaine touche inévitablement par la force de sa présence.

À voir si vous aimez / L’art surréaliste, Paryse Martin