Yannick Pouliot : Asseoir sa carrière
Yannick Pouliot a vu sa carrière lancée alors qu’il n’avait que 24 ans. Cinq ans plus tard, il a un solo au MAC.
La carrière de ce jeune artiste (il a 29 ans), qui vit à Saint-Casimir-de-Portneuf, a pris son envol en 2003, lors de sa participation à la 2e Manif d’art de Québec (dont Bernard Lamarche était le commissaire). Depuis, le milieu de l’art a suivi avec attention ses créations et l’a invité à participer à de nombreuses manifestations. Yannick Pouliot a été de l’événement de sculptures urbaines Artefact sur le mont Royal en 2004, puis de l’expo collective L’Envers des apparences au Musée d’art contemporain, en 2005, avec d’excellentes photos… Et voici qu’il a un important solo dans cette même institution sous le commissariat du talentueux nouveau conservateur Mark Lanctôt, âgé de 33 ans et engagé au MAC en 2006.
Cet événement montre que les choses ont bel et bien changé dans cette institution depuis l’arrivée du nouveau directeur Marc Mayer. On ose maintenant y prendre le risque (calculé) de confier des espaces importants (et pas seulement une petite salle comme cela s’est longtemps fait) à de jeunes artistes (et à un jeune commissaire) prometteurs. Voilà une excellente décision, même si toutes les pièces proposées par Pouliot ne sont pas d’égale force. Mais c’est la mission, pas toujours facile, d’un musée d’art contemporain que d’appuyer la relève d’ici (autant que de se souvenir des artistes déjà reconnus et que l’on oublie parfois un peu vite).
Disons-le clairement: la pièce maîtresse de cette expo, et qui vole la vedette aux autres, est sans nul doute l’installation intitulée Louis XVI: indifférent. C’est une sorte de petit labyrinthe ou chacun des longs couloirs étroits qui en constituent la trame ne mène qu’à une chaise, de style, totalement isolée. Voilà une oeuvre qui est une bonne héritière de la pièce Le Courtisan, qui a fait connaître Pouliot en 2003 (oeuvre remontrée ces jours-ci au MAC). Encore une fois, Pouliot nous plonge dans une atmosphère étrange et séductrice à la fois. Avec son look mystico-chic, avec son décor raffiné mais trompeur, cette installation fait penser aux épisodes les plus étonnants des séries télé des années 60, The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir) ou The Prisoner… L’air de rien, Pouliot nous parle des rapports de pouvoir que le passé et le présent recèlent toujours. Car, comme le disait Mark Lanctôt en conférence de presse, "lorsque l’on parle du passé, on parle toujours du présent".
Il faudra aussi remarquer le meuble intitulé Eastlake: intransigeant, immense canapé circulaire, refermé sur lui-même, dans lequel personne ne peut s’asseoir! Un commentaire sur les groupes sociaux aisés qui fonctionnent en vase clos. Les deux autres chaises trafiquées (intitulées Empire: possessif et Régence: monomaniaque) sont cependant moins originales. Ces deux oeuvres font trop penser au travail sur le mobilier de la Danoise vivant à Londres Nina Saunders, qui a été montré dans ce même musée en 1999-2000, lors de l’expo Culbutes. Néanmoins un artiste qui tient ses promesses.
Jusqu’au 20 avril
Au Musée d’art contemporain
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À voir si vous aimez /
Les installations; les séries télé The Avengers et The Prisoner
( pour l’installation intitulée Louis XVI)