DHC/ART : Recyclages et déconstructions
Arts visuels

DHC/ART : Recyclages et déconstructions

John Zeppetelli, de la Fondation DHC/ART, a réuni six artistes qui citent et s’approprient des films ou des images télévisuels. Totalement postmo!

C’est la deuxième exposition qui a lieu dans les nouveaux locaux de la bien active Fondation pour l’art contemporain DHC/ART. Rappelons que cet organisme, avant d’avoir pignon sur rue, a parrainé toute une série d’activités. L’an dernier, elle a soutenu deux artistes nés au Canada mais travaillant à l’étranger. Elle a appuyé économiquement les prestations de Nancy Davenport à la Biennale d’Istanbul ainsi que celle de David Altmejd à la Biennale de Venise. Au printemps 2007, elle a permis au public montréalais de voir les films Drawing Restraint 9 du très célèbre Mathew Barney (accompagné de la musique de sa compagne Björk) et Zidane de Douglas Gordon et Philippe Parreno. Et voilà qu’elle occupe deux espaces de la rue Saint-Jean dans le Vieux-Montréal. Après y avoir montré cet automne une expo, certes décevante, de l’artiste Marc Quinn (ce bad boy du mouvement des Young British Artists y est apparu bien assagi et embourgeoisé, à en rendre jaloux le très commercial Jeff Koons), voici une deuxième présentation qui retiendra plus l’attention de la critique. Voilà pour l’historique déjà bien rempli des activités de cet organisme pourtant encore bien jeune et dont la présence à Montréal ne peut que réjouir le milieu de l’art québécois.

Cet événement s’intitule Re-Constitutions et réunit six artistes (Nancy Davenport, Stan Douglas, Harun Farocki, Ann Lislegaard, Paul Pfeiffer, Kerry Tribe) autour des notions d’appropriation, de répétition… Voilà des thèmes qui pourraient sembler presque banals. Depuis au moins les années 80 (si ce n’est les années 60 et le pop art), la postmodernité nous a en effet appris et répété qu’elle s’était constituée par imitation, pastiche, parodie, simulation, sur des relectures de l’histoire de l’art et de la culture.

Ici donc, encore, la citation ironique a sa place, par exemple dans le travail de Paul Pfeiffer. Dans son installation vidéo intitulée Live from Neverland, il reprend, en coupant le son et avec un léger ralenti vidéo, le discours télévisé de Michael Jackson où celui-ci se défendait des accusations d’agression sur des mineurs. Il le couple à une vidéo montrant 80 enfants asiatiques (référence au tourisme sexuel?) qui scandent les paroles du chanteur… Assez punché. Mais heureusement, le commissaire John Zeppetelli a aussi montré des oeuvres plus complexes.

Le visiteur pourra y voir Week-end Campus de Nancy Davenport, qui rend hommage au film Week-end de Godard (et en particulier à son travelling de 300 mètres montrant un embouteillage), où le cinéaste faisait une critique de la société petite-bourgeoise. Dans son travelling, Davenport exhibe quant à elle l’université comme lieu d’une crise sociale importante. Tout comme dans son installation vidéo Workers (leaving the factory), l’artiste montre comment elle sait faire un art engagé, digne héritier de la modernité sans être littéral.

Au passage, le visiteur se demandera peut-être pourquoi cette fondation ne présente pas plus d’artistes québécois. Bien des noms viennent à l’esprit: Emmanuelle Léonard, Pascal Grandmaison… C’est un des points faibles de cette importante aventure.

Signalons que cette présentation sera suivie (dès le 3 juillet) par celle de l’artiste française Sophie Calle qui montrera l’oeuvre qu’elle a créée pour la Biennale de Venise.

Jusqu’au 25 mai
Fondation pour l’art contemporain DHC/ART
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