François Chevalier : De la brièveté de la vie
François Chevalier présente La Friabilité de l’éphémère à la Galerie Lacerte, une exposition sur la fragilité de la vie. Rencontre avec un artiste amoureux de la nature.
D’entrée de jeu, François Chevalier, joint par téléphone, nous indique qu’il travaille avec des insectes depuis longtemps. En fait, il se sert de ceux-ci pour créer. Vous verrez donc dans cette exposition une pratique originale et singulière: des estampes de petits animaux invertébrés écrabouillés et une gigantesque murale. Cette murale, elle est constituée d’une centaine de rectangles de revêtement de goudron alignés scrupuleusement sur un mur et sur lesquels l’artiste est venu découper les formes d’une espèce d’archiptère, d’aptérygote ou d’hyménoptère. Ça dépend de quel point de vue on se place. Bref, François Chevalier aime l’entomologie! "Je suis obsédé par cette science comme par la mort", dit-il. L’obsession est devenue une passion et la passion s’est transformée en hobby. Une façon comme une autre – pour paraphraser Simone de Beauvoir – de tuer le temps en attendant que le temps nous tue.
En effet, ces bibittes, nous explique-t-il, il les regarde l’été pendant des heures. Et de la sorte, il se rend compte qu’elles sont comme nous, fragiles et éphémères. C’est à partir de ce constat que Chevalier a construit une partie de son travail artistique et ses dernières productions qu’il expose actuellement. Beaucoup d’estampes, des eaux-fortes, résultat d’un travail de longue haleine: observer les insectes, les capturer – avez-vous déjà essayé de "pogner" une libellule? Pas facile! -, les écraser – qui n’a jamais tué un maringouin? – et, comble de l’horreur, procéder à la création de l’oeuvre, c’est-à-dire imprimer les bestioles sur des matériaux.
Le but de tout ça? "Dire les choses telles qu’elles sont. Je fais juste un constat, raconte-t-il. J’exprime par mes oeuvres l’idée de la fragilité de la vie, l’idée que la vie ne tient qu’à un fil, le fait qu’on ne sait jamais quand on va mourir. Ça parle aussi de la solitude et de l’amour, l’amour que j’ai pour les insectes. Mon exposition, c’est comme une métaphore de la vie et de la mort. C’est pourquoi j’ai choisi "l’éphémère", ça représente mon propos, à savoir que la vie est éphémère, comme cet être vivant qui n’existe guère plus qu’une journée."
Mais attention, l’artiste de Québec, diplômé en arts visuels de l’Université Laval, n’essaie pas de provoquer avec sa méthode bien particulière. "Je ne veux pas imposer une vision de l’art, chacun a sa manière de la concevoir. Ce que je propose, c’est ma vision." Et pour ceux que cela dégoûte, rien ne vous oblige à visiter la galerie de la côte Dinan. Pour ma part, une visite de l’exposition m’a suffi pour me plonger dans mes souvenirs d’enfance, alors que je chassais le papillon que j’allais, une fois capturé, piquer d’une aiguille et que je gardais précieusement, comme une oeuvre d’art.
Jusqu’au 23 mars
À la Galerie Lacerte
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L’entomologie, l’estampe contemporaine et retomber en enfance