Ed Pien et Bill Viola : Forces supérieures
Arts visuels

Ed Pien et Bill Viola : Forces supérieures

Ed Pien et Bill Viola: c’est le duo extraordinaire réuni à Joliette le temps d’une saison. Formé d’un artiste canadien montant et d’un réputé vidéaste états-unien, il vous obligera à sortir de Montréal.

Une des plus importantes expos à voir ces jours-ci dans notre coin de pays n’est pas à Montréal ni même à Québec, mais à Joliette.

L’artiste Ed Pien (né à Taipei mais vivant à Toronto) y a une importante rétrospective intitulée L’Antre des délices. Rappelons que la carrière de celui-ci, déjà bien remplie depuis les années 80, a pris un envol remarquable à la suite de ses participations aux biennales de Montréal en 2000 et 2002. Depuis, il a exposé à Mexico, Berlin, Londres, Madrid… Dans son oeuvre, Pien nous oblige à renouer avec les peurs de l’enfance (et qui nous poursuivent parfois jusque dans l’âge adulte): les monstres, les fantômes, la noirceur, la peur de l’inconnu. Bien évidemment, il n’est pas le seul à aller dans cette direction. Les contes de fées, l’héritage du surréalisme, les liens avec les films d’horreur et le paranormal sont devenus des références très communes, presque des clichés de nos jours en art… Mais à choisir entre elles et l’esthétique publicitaire, qui domine une autre partie de la scène contemporaine, je choisis sans un frisson ces références-là. Pien arrive à en jouer comme peu savent le faire, en utilisant du papier découpé ou installé en d’étranges petits labyrinthes dans lesquels règne une atmosphère envoûtante.

Il faudra aussi se rendre à Joliette pour voir la vidéo Observance (2002) de Bill Viola, un des pionniers de l’art de la vidéo. Dans un long ralenti, une suite d’individus (réunissant presque tous les grands groupes ethniques du monde), qui semble venir vers nous, s’approche pour se recueillir une dernière fois sur le corps d’un mort que nous ne pouvons voir… Les êtres qui y défilent semblent appartenir à une communauté tout en étant très seuls. Une oeuvre qui nous parle de la notion d’Humanité.

Avec sa nouvelle directrice Gaëtane Verna, qui a succédé à France Gascon en 2006, le Musée d’art de Joliette poursuit avec brio un travail de très haut niveau. Signalons que cet été, nous pourrons y voir, entre autres, l’installation que Luis Jacob avait présentée à la Documenta de Cassel l’an dernier. Joliette est indéniablement une destination incontournable de notre réseau québécois d’art contemporain.

Ed Pien, jusqu’au 27 avril
Bill Viola, jusqu’au 20 avril
Au Musée d’art de Joliette

À voir si vous aimez /
Les contes de fées