Osmo Rauhala : Idées de grandeur
Osmo Rauhala se sert de la technologie de l’homme pour saisir les subtiles splendeurs de la nature.
Osmo Rauhala exerce deux métiers. Originaire de Finlande, il y détient une ferme d’exploitation biologique reconnue notamment pour sa culture de fraisiers. La saison des semailles et des récoltes terminée, il revient à New York pour se consacrer à une pratique artistique diverse qui lui a valu une renommée d’envergure internationale et plus d’une dizaine d’expositions solos dans de nombreux musées européens et américains, sans compter le prix du Jeune Artiste de l’année remis en 1992 par le Tampere Art Museum de sa terre natale…
La Galerie Karsh-Masson présente une portion de son travail vidéographique concocté récemment. Dans la pénombre, un coup d’oeil attentif laisse deviner des réalisations à la portée philosophique éminente.
System Complexity projette en boucle une envolée d’oiseaux au-dessus d’un étang bordé d’herbes aquatiques et de nuages à la lourde épaisseur. Étrangement, le mouvement du cortège semble être contrôlé par une force invisible: la lancée normalement chaotique et aléatoire des volatiles devient, grâce au trucage vidéo, une trajectoire ordonnée et symétrique, cédant à une esthétique nouvelle que la raison ne parvient pas à justifier. Une telle séquence ramène au front des questions d’ordre existentiel (du genre: "sommes-nous la forme de vie la plus évoluée sur la planète?"), sans toutefois formuler de réponses précises.
Dans Things Lost in Mist, une bruine produite à l’intérieur de l’écran brouille la clarté des images qui défilent. Une minuscule fenêtre découpée au coeur du présentoir assure une vision optimale sur deux cygnes glissant sur une rivière ondulante (et seulement lorsque le couple se trouve dans le champ central), révélant le caractère fragile et éphémère d’une apparition trop souvent tenue pour acquise… Le spectateur hypnotisé demeure perplexe, encore une fois.
Les autres dispositifs sont tout aussi saisissants, et c’est avec une sensibilité remarquable que le créateur parvient à transcender la fameuse rhétorique nature versus culture. (http://osmorauhala.net)
Jusqu’au 22 mars
À la Galerie Karsh-Masson
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À voir si vous aimez / Pascal Grandmaison, Olafur Eliasson