Patrick Bérubé : Infiltration
Le jeune artiste Patrick Bérubé investit les locaux de la Galerie [SAS]. Il nous y expose notre désir de sécurité.
Voici une expo qui montre bien que la Galerie [SAS] veut élargir ses activités. Déjà, en octobre dernier, elle faisait place à une installation (de Serge Marchetta). Pour une seconde fois, ce n’est pas de la peinture, de la photo ou de la sculpture qui y est à l’affiche, mais bien une oeuvre installative, ce qui a impliqué de revoir les espaces, de créer des murs…
Le directeur de la galerie, Frédéric Loury, dit d’ailleurs vouloir développer un "volet plus exploratoire", et ainsi réaliser "un pont plus évident avec les centres d’artistes". L’été prochain, dans le cadre de ces changements, la galerie invitera Mathieu Valade.
C’est le jeune artiste Patrick Bérubé qui est intervenu cette fois-ci. Un choix judicieux. Bérubé poursuit une carrière intéressante à travers plusieurs expositions qui ont reçu un bon accueil du milieu (Circa, Skol, L’OEil de poisson à Québec, Séquence à Chicoutimi, la Galerie Verticale à Laval…). On parle de lui en bien (et pas seulement les critiques, mais aussi les artistes, ce qui est toujours un bon signe). Cette pièce intitulée Bugs parle du fait que "nous vivons dans un monde où nous sommes tous effrayés, où nous nous sentons seuls" et comment "l’une des protections que nous ayons trouvées est de tenter de tout prévoir et de tout contrôler".
Voilà un sujet qui peut en effet tous nous préoccuper. Vous y verrez des symboles de ce désir de contrôle et de ses limites: une moustiquaire où le mot "LACUNE" est découpé dans le treillis de métal, une lampe tue-mouche électrique bleutée où le mot "DÉSIR" est inscrit, une plaque chauffante avec le mot "CONFORT"… Une ambiance qui fait un peu penser au trio BGL (surtout lorsqu’on voit ce ventilateur qui tranche le mur de la galerie et qui évoque cet orignal qui tournoyait sur lui-même en déchirant les murs dans l’installation de BGL à la Galerie Art Mûr). Une expo qui ne manque pas de punch, mais qui ne constitue malheureusement pas un véritable ensemble installatif. Visuellement, chaque partie apparaît comme étant trop indépendante de l’autre. Cela facilitera la tâche au galeriste dans sa démarche de vente, mais gâche un peu le sentiment de plonger véritablement dans un univers créatif.
Le visiteur profitera aussi de sa visite pour apprécier les photos de Manuel Bujold, même si l’idée de montrer des panneaux publicitaires vides fait beaucoup penser à un projet un peu similaire de Michel de Broin. Pour ce qui est de la troisième artiste exposée, Natasha Doyon, on regrettera que ses tableaux tentent autant de s’inspirer de la peinture de la Néerlandaise (née en Afrique du Sud) Marlene Dumas.
Jusqu’au 5 avril
À la Galerie [SAS]
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