Galerie SBC : Péril en la demeure
Avec Jean Gagnon à la direction et Sylvain Campeau comme premier commissaire, la Galerie SBC poursuit les activités de la défunte galerie d’art du Centre Saidye Bronfman.
Voici une initiative qu’il faut saluer, chapeau bas. Un petit groupe d’individus (dont Nancy Cleman et Alan Conter) n’ont pas voulu baisser les bras après l’annonce de la fermeture de la Galerie Liane et Danny Taran du Centre des arts Saidye Bronfman, en décembre 2006. Cette galerie qui avait marqué le milieu de l’art montréalais pendant 40 ans devait survivre.
Moins d’un an après sa fermeture, ces résistants ont réussi leur pari. La Galerie SBC (dont le nom se veut une évocation du Saidye Bronfman Centre) a hérité des archives de la Galerie Taran et poursuivra, symboliquement, ses activités, même si elle n’a plus de réel lien avec son ancienne institution.
C’est Jean Gagnon qui en est le directeur (après qu’il ait passé 10 ans à la Fondation Daniel Langlois). Et pour amorcer les activités de ce nouvel espace, dans l’édifice Belgo, rue Sainte-Catherine, le réputé commissaire et essayiste Sylvain Campeau sera le chef d’orchestre d’un événement en deux volets.
Intitulée OIKOS/Habitacles (le mot Oikos, qui veut dire "demeure" en grec ancien, est à la source du mot écologie), cette expo interroge la représentation du paysage. Un sujet débattu par les artistes depuis déjà un bon moment. Signe des temps, la nature n’est plus vue par les artistes comme éternelle et indestructible, mais bien comme fragile, grugée et mise en danger par les êtres humains. C’est particulièrement évident dans la photo Jour de nuit de la Montréalaise Isabelle Hayeur (la photo la plus intéressante et la plus originale de l’expo). Vous y verrez comme la fin d’un terrain bitumé, sorte de fin de banlieue. Un espace limite, un peu bâtard, auquel la lumière entre chien et loup d’une fin de journée ajoute une atmosphère indéfinissable. Ce travail de prise de possession de la nature par l’homme se voit aussi dans la photo de San Diego du Français Stéphane Couturier, où vous croirez voir sortir sous vos yeux et de nulle part, du désert environnant, un quartier entier. Cette attitude est aussi présente dans les images de bunkers de l’États-Unien Mark Ruwedel.
Certes, il y a des oeuvres moins réussies, comme Cathédrale d’Isabelle Hayeur, où le lien entre le paysage et le religieux me semble un peu facile (et repris ad nauseam depuis les romantiques). Néanmoins, une expo réussie, même si j’aurais aimé voir plus d’oeuvres (en particulier de Stéphane Couturier). Plus de photos auraient certainement donné un aspect moins aride à l’ambiance générale d’une expo dont le sujet est plus passionnant et intense qu’il n’y paraît au premier coup d’oeil jeté dans la galerie.
Le catalogue de OIKOS/Habitacles sera lancé le 26 avril prochain lors du vernissage du second volet de cet événement (qui regroupera les artistes françaises Laëtitia Bourget et Valérie Jouve ainsi que l’Australienne Anne Zahalka).
Jusqu’au 19 avril
À la Galerie d’art contemporain SBC
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La photo et l’art du paysage