Ivana Adaime Makac : In vitro
Le Banquet d’Ivana Adaime Makac présenté à La Chambre blanche n’est pas un banquet comme les autres.
Les visiteurs de l’exposition sont invités à venir s’asseoir, non pas pour déguster des hors-d’oeuvre, mais bien pour observer des insectes se gaver dans un aquarium! Plus précisément, cette artiste aux multiples origines – argentine, française, libanaise, polonaise -, diplômée de l’École supérieure d’art et céramique de Tarbes, qui vit et travaille maintenant en France, propose une installation in situ. Ce genre d’exposition a, habituellement, un caractère évolutif. Dans ce cas-ci, on peut dire sans ambages que l’expérience a atteint son paroxysme.
Imaginez cinq socles de la taille d’un enfant répartis dans une salle – dont les fenêtres ont été obstruées par des cartons noirs et surmontées de deux spots de lumière. Sur ces monticules, celle qui est aussi vidéaste a déposé des aquariums d’environ un demi-mètre sur un demi-mètre. L’objectif étant que les visiteurs restent un certain laps de temps, deux chaises par "sculpture" ont été mises à leur disposition. Mais pour regarder quoi au juste?
Pour regarder le monde éthologique et esthétique d’Ivana Adaime Makac. Celui-ci se décline en plusieurs couches. Premièrement, il y a dans les vivariums des cubes emboîtés ensemble formant un décor. Ce décor ne se limite toutefois pas seulement à un amoncellement de carrés d’une mousse servant aux agronomes, puisque la deuxième étape du processus de création a consisté à accrocher autour de la structure centrale des fleurs, des légumes et des fruits. Une fois le tout accompli, il ne restait plus qu’à y intégrer des grillons et des larves de coléoptères vivants, à fermer le couvercle et à les observer.
Le résultat est prévisible. Les insectes vont, sous nos yeux, manger la nourriture et, quand il n’y en aura plus, iront dévorer leurs voisins. Ils s’accoupleront probablement, dormiront évidemment et, inéluctablement, mourront. S’ensuivra une lente agonie de l’environnement dans lequel ils évoluaient depuis peu. La conséquence sera qu’ultimement, ce monde moisira et se décomposera jusqu’à ce que la pourriture ait envahi l’ensemble de ce microcosme…
La morale de ce projet? C’est que la vie est fragile, surtout quand elle est prisonnière d’un espace restreint. Tenons-le-nous pour dit!
Jusqu’au 20 avril
À La Chambre blanche
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L’entomologie, les résidences in situ et les vanités contemporaines.
À NOTER
L’exposition Apocalyptus de Denise Blackburn se poursuit au centre Engramme jusqu’au 6 avril. Avec des séries de miniatures abstraites réalisées à l’aide de feuilles d’eucalyptus, cette artiste de Québec a une démarche artistique très élaborée. Bref, de la technique de la pointe sèche à celle des chines collés, vous découvrirez un des grands talents de Québec.