Perry Bard et Céline B. La Terreur : Piquer n'est pas voler
Arts visuels

Perry Bard et Céline B. La Terreur : Piquer n’est pas voler

Perry Bard et Céline B. La Terreur accaparent des icônes de l’art. La première revisite le monde du cinéaste Dziga Vertov et la seconde, l’image de la fameuse cantatrice Maria Callas.

Voici deux expos qui fonctionnent sur le mode de l’appropriation. Postmodernité oblige. Combien de cinéastes, de vidéastes, de photographes contemporains ont cité, repris parfois sans aucune variation des oeuvres anciennes! Gus Van Sant a copié le film Psycho d’Hitchcock, image pour image et en suivant le même plan de tournage de 37 jours. Richard Prince a souvent repiqué des photos de publicités sans payer de droits d’auteur. Sherrie Levine a entre autres re-photographié des images du célèbre Edward Weston. Et je pourrais continuer longtemps cette liste.

L’artiste Perry Bard, née à Québec et vivant maintenant à New York, reprend le projet du cinéaste Vertov dans son film L’Homme à la caméra (1929), oeuvre totale, film où l’être humain est montré dans toutes ses activités. Bard pousse ce désir de tout voir et de tout montrer un cran plus loin. Elle demande aux internautes de la planète (dziga.perrybard.net) d’interpréter, de s’approprier des séquences du film de Vertov. Le résultat, intitulé simplement 2008: Man With a Movie Camera, impressionne et fonctionne très bien malgré (et grâce à) la disparité des sources visuelles, des images provenant de Chine et d’Israël, d’autres, du Canada, de Grande-Bretagne… Une oeuvre collective pour représenter la communauté (presque) mondiale des humains (qui peuvent se connecter à Internet).

Céline B. La Terreur fait, elle aussi, dans l’appropriation. Dans La Divine Tragédie: 1977, elle se met en scène dans des dessins, peintures, photos et même vidéo où elle personnifie la célèbre Maria Callas. Portrait de l’artiste en insupportable diva? Oui, mais aussi portrait de l’art du spectacle que les publics de tous genres adorent. C’est sans nul doute le vidéo (évidemment en trois actes) qui est le plus abouti formellement. La Terreur (qui est née en 1977, année de la mort de La Divina) y fait entre autres des parallèles très pertinents entre le maquillage au crayon khôl chez la diva et chez des vedettes du rock comme Alice Cooper, Kiss, Ozzy Osbourne, Mötley Crüe… La célèbre soprano y est remixée avec une certaine maestria. Le reste de l’expo aurait pu être un peu plus excessif et pompeux pour être à la hauteur véritable et tout à fait méritée du sublime de la céleste prima donna…

Jusqu’au 26 avril
À la Galerie Joyce Yahouda
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