Quitter les eaux profondes : Au-delà de l’abysse
C’est bien dans la profondeur des océans que les organismes vivants ont fait leur apparition… L’être humain, en grande partie composé d’eau, y baigne dès les premiers instants de son existence, s’en nourrissant pleinement. Mais à la sortie de l’univers utérin, la respiration sous la densité fluide devient une tâche impossible: remonter à la surface est un geste alors indispensable à la survie.
Quitter les eaux profondes, qui prend l’affiche à la Galerie SAW jusqu’au 17 mai, regroupe les réalisations plastiques de cinq artistes explorant les références métaphoriques évoquées par cette précieuse et limpide substance. Organisée par la commissaire en résidence Minh Nguyen, l’exposition présente des points de vue aux origines culturelles diverses, passant d’une approche socio et géopolitique à une autre, inspirée de captivants récits mythologiques racontant la mort par noyade "de petites Chinoises non désirées", ou encore celui de fantômes féminins émergeant des marées.
L’artiste Jun Nguyen-Hatsushiba propose aussi une séquence vidéo entièrement tournée sous la mer, sur un territoire japonais ayant abrité une base militaire en temps de guerre. Des fragments épisodiques réels s’entremêlent à des éléments imaginés pour faire place à une oeuvre à vocation purificatrice, alors que sont encore préservées (et le seront toujours) les blessures douloureuses de l’histoire…
Dans toutes les propositions, l’expérience prodigieuse rappelant le corps submergé est constamment enrichie, ponctuée ici et là de souvenirs suspendus dans un espace où la gravité ne subsiste plus. (K. Le Van)
À voir si vous aimez / Ichi Ikeda, Joan Truckenbrod