Salut Lemoyne! : Lemoyne pis sa gang
Salut Lemoyne! célèbre l’oeuvre iconoclaste et "post Refus global" d’un pilier des arts visuels au Québec qui nous quittait il y a de cela 10 ans.
Serge Lemoyne, cet artiste rebelle né à Acton Vale en 1941, est décédé en 1998 des suites d’un cancer. En fin de parcours, on ne lui avait donné que trois semaines à vivre, et il n’y eut malheureusement pas de prolongement. On peut donc parler d’une mort foudroyante. Toutefois, selon François Gauthier, commissaire de l’exposition Salut Lemoyne! et ami de l’artiste, Serge Lemoyne fut en quelque sorte prophète de sa propre mort. "À la fin de sa vie, le noir est devenu envahissant dans son travail et cache les couleurs dans un tourbillon. Ça a commencé par de petites taches noires et elles ont grossi. C’était une forme de prémonition." Que Lemoyne soit visionnaire ou non, son oeuvre est colossale, et il est grand temps de la célébrer.
CONTEMPORAIN ET POPULAIRE
Dès les années 1960, Serge Lemoyne fut un personnage instigateur de plusieurs événements artistiques et multidisciplinaires qui se voulaient rassembleurs. En 1966, il invita même les enfants à venir jouer au Musée d’art contemporain de Montréal. "Il y avait des machines à boules, des jeux de poche, des fléchettes… Les jeunes faisaient la queue à la porte du musée en attendant l’ouverture pour venir jouer." Un peu comme les jeux au McDo, mais en mieux…
Selon François Gauthier, Lemoyne a toujours refusé la virtuosité technique. "Il donne dans ses oeuvres des indices sur comment il procède. Si le rouge dégoutte sur le blanc, c’est pour te dire que le blanc est arrivé avant le rouge."
Justement, sa période bleu-blanc-rouge en hommage au Canadien de Montréal est sans aucun doute sa plus connue. De 1969 à 1980, il s’est restreint à seulement trois couleurs. "C’est comme si un pianiste n’utilisait que trois notes pendant 12 ans. Or, il a fait des choses extraordinaires avec ça, bien au-delà de ce que la majorité des peintres pensaient qu’il réussirait à faire." Cette période résume bien l’oeuvre de Lemoyne: des concepts abstraits propres à l’esthétique de la peinture contemporaine de son époque, mais appliqués dans un contexte populaire.
Lors des 15 dernières années de sa vie, ce fut le thème de la maison. "C’était son laboratoire de recherche. D’ailleurs, l’utilisation du triangle dans la majorité de ses oeuvres viendrait du pignon de sa maison. Il m’a déjà dit que sa stabilité le fascinait", se rappelle le commissaire fasciné à son tour par l’oeuvre du disparu.
LA CLIQUE A LEMOYNE
Cette exposition ne se limite pas au travail de Serge Lemoyne. "Comme c’était un gars rassembleur, mon idée était de suivre sa carrière et d’aller chercher de ses amis, de ses collègues, qui avaient exposé en même temps que lui au fil de sa carrière", explique le commissaire. Salut Lemoyne! accueille donc également des oeuvres d’Armand Vaillancourt, Pierre Gauvreau, Janine Carreau, Hélène Goulet, Reynald Connolly, Cozic, François Gauthier, Gilles Boisvert et Serge Tousignant. La clique est réunie!
Jusqu’au 1er juin
Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke
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Armand Vaillancourt, Jackson Pollock, Mark Rothko