Dominik Sokolowski : Inépuisable
Tous pareils, les tableaux de Dominik Sokolowski? Une chose est certaine, sa toute nouvelle production ne laisse personne indifférent.
Dominik Sokolowski, peintre prolifique de la région outaouaise, connaît un succès phénoménal tant au Canada qu’à l’étranger. À preuve, ses peintures se sont envolées comme des petits pains chauds lors de la Foire européenne d’art contemporain de Strasbourg (pour une troisième année consécutive!), engendrant une association exclusive avec la Galerie Saltiel, qui assurera la promotion de l’artiste sur tout le territoire français… Mais dans la présente exposition, à la Galerie d’art Jean-Claude Bergeron, deux tendances semblent émerger du corpus.
D’abord, il y a les huiles sur toile, série susceptible de plaire davantage aux collectionneurs avertis. Ces études reprennent, comme par le passé, les motifs quadrillés sur lesquels reposent des carrés de toutes grandeurs, mais cette fois-ci, les quadrilatères s’imbriquent les uns dans les autres de manière plus définie, en une structure additive qui simule vaguement le dédoublement cellulaire. Des figures plus petites qui s’agglomèrent au bas des représentations, et d’autres flottant sur un fond à la légère transparence, voilà une caractéristique qui ajoute une dimension spatiale et ordonnée aux oeuvres. Mais le concept du all-over, maintes fois utilisé dans les ouvrages précédents, n’est pas délaissé pour autant. L’assemblage enchevêtré de formes plus ou moins rectangulaires est ainsi repris, comme dans #914, recouvrant les canevas de bord en bord. S’agirait-il d’une vision rapprochée de ces agglutinations géométriques?…
Dominik Sokolowski, #914, 2008. Huile sur toile, 180 x 240 cm. |
Deuxième orientation plastique relevée, les techniques mixtes témoignent d’une diversité plus touchante et créative. #939, entre autres, étale une panoplie d’objets désuets, la plupart de taille si minime qu’ils se dissimulent sous le collage impulsif et les traces vives du pinceau. Leur découverte ranime instantanément les mécanismes de la mémoire, ces accessoires possédant aussi une valeur sentimentale et temporelle: des cubes de Scrabble, des coupures de journaux, la poche d’un vieux pantalon, une planche à écrire sur laquelle est barbouillé "EB Eddy", et dans d’autres compositions, des épingles à linge, de vieilles bouteilles de verre, un timbre oblitéré, des morceaux de carton ondulé, le truc en plastique qui ferme les sacs de pain… Le visiteur entre alors en relation soutenue avec l’inventaire hétéroclite qui parsème la surface et du même coup, pénètre dans l’univers personnel de l’auteur.
Règle générale, la facture émotive de Sokolowski est moins apparente dans ses expérimentations purement picturales (quoique remplacée par une multitude de lacérations bien calculées sur toute l’étendue bidimensionnelle). Les configurations restent très similaires, presque accomplies selon des maquettes, voire formules, préfabriquées, à la différence d’une palette dont les combinaisons changent ici et là… Par contre, les montages sur bois, infiniment plus engageants, possèdent un caractère intime, nostalgique même, soutenu par des gestes encore animés de cette énergie créative et spontanée…
Jusqu’au 11 mai
À la Galerie d’art Jean-Claude Bergeron
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À voir si vous aimez / Robert Rauschenberg, Jasper Johns, l’expressionnisme abstrait