Manif d'art : Parce que c'était toi, parce que c'était moi
Arts visuels

Manif d’art : Parce que c’était toi, parce que c’était moi

Gorgée de sève, la Manif d’art bourgeonne de nouveau. C’est sous le thème de la rencontre qu’elle revient éclore, fragile et sans prétention.

Jeudi soir dernier était inaugurée la quatrième édition de la Manif d’art de Québec, TOI/YOU: La rencontre. Dans les salles et au dehors, un public abondant et plusieurs créateurs locaux et internationaux – ils sont plus de 50 exposants aux espaces GM et H de la rue Saint-Joseph – étaient présents en chair et en oeuvres.

Une éphémère constellation de brillants travaux qui se tiennent là comme autant de présences se confiant à nous. Ainsi, malgré la cacophonie du nombre, on dirait qu’ils nous entretiennent à la place des artistes, que d’eux émane toute leur humanité. Pour la ressentir, reliez les étoiles dans Le Siècle des lumières, un montage photographique du duo Doyon-Rivest, ou encore dans la chambre noire du Bunker de Mathieu Valade. D’autres étoiles encore dans Continuum, une peinture thermosensible dont les couleurs sont activées par la chaleur de centaines d’ampoules incandescentes, oeuvre de P.-O. Fréchette-Martin.

De plusieurs de ces rencontres, on dira qu’elles sont bouleversantes de cette sensibilité "à portée de souffle" qui les anime. C’est le cas de celle avec Josée Pednault, qui propose une suite qualifiée à juste titre de "haïkus visuels": From Warshaw with Love, une correspondance photographique.

On se rappellera peut-être que la dernière édition de la Manif, intitulée Cynismes?, montrait des oeuvres inévitablement ludiques en raison de son thème. Bien que cette qualité soit encore présente dans l’engin musical Milk Float ou la peinture vivante À interférence de Jacynthe Carrier, c’est plutôt la fragilité qui aura réuni un bon nombre des morceaux cette année.

Cette fragilité qui lie les oeuvres entre elles est éloquente: une douceur lucide comme celle de Lisanne Nadeau, commissaire de l’événement, ne pouvait donner autre résultat. Elles sont émouvantes parce qu’authentiques (la Chanson de Marie, une installation vidéo de Murielle D. Larose), courageuses par leur engagement (la suite photographique Utopic Portrait of Identity de M. M. Rodriguez), fragiles et poétiques (le Flying Tape du Lituanien Zilvinas Kempinas).

Il y a aussi beaucoup d’élégance à la Manif. Malgré la diversité des moyens d’expression ou leur complexité, la technique y est plus d’une fois transcendée en simplicité et en clarté. C’est cela qui permet aux oeuvres d’éclore avec la violente beauté d’un germe faisant céder sa coque… Une image que nous évoquera la plante géante de la Sculpture de sauvetage par Jacques Samson.

La Manif de ce printemps est déjà une réussite d’une évidence que tous peuvent comprendre. C’est en s’imprégnant des oeuvres sans chercher à tout saisir qu’on pourra ressentir la présence de l’artiste. Il n’en faut jamais plus pour que le souvenir d’une vraie rencontre s’installe et demeure, impérissable.

Jusqu’au 15 juin
En différents lieux
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