Or des Amériques : Siècles d'or
Arts visuels

Or des Amériques : Siècles d’or

Or des Amériques nous donne la chance d’admirer des artefacts hors du commun, tout en revisitant l’histoire tumultueuse dont ils sont les témoins privilégiés. Valeur sûre.

Exposition d’envergure exceptionnelle, Or des Amériques réunit 450 objets issus de 65 collections publiques ou privées en provenance de 9 pays. Des pièces de grande valeur, non seulement parce que plusieurs d’entre elles sont en or, mais surtout en raison de leur rareté et de leur éloquence. Ce n’est en effet pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir un sac de guerrier mochicas datant de 200 av. J.-C. à 600 apr. J.-C., la pépite à l’origine de la ruée vers l’or de Californie (1848), un spécimen géologique aussi surprenant que le buisson d’or, un collier créé par Picasso pour Tiffany & Co, l’original du Vaisseau d’or de Nelligan ou des curiosités comme de l’or comestible et des bouchons de stylos Bic en or. Par ailleurs, il suffit d’admirer une couronne carrée remontant à la préhistoire pour que, soudain, s’ouvre une brèche spatio-temporelle suscitant dépaysement et fascination. À ce propos, on peut s’estimer heureux que les artefacts les plus anciens soient parvenus jusqu’à nous, tandis que nombre de leurs semblables ont été fondus par les conquistadores qui, après avoir dépouillé les autochtones, ont pillé leurs tombeaux. De même, il n’y a qu’à comparer une minuscule boule d’or d’une once au mur de 8 m2 qu’elle permet de recouvrir une fois martelée et étirée pour mesurer l’incroyable malléabilité de ce métal précieux. Sans compter que bijoux, portraits, cartes, livres, vêtements, accessoires religieux, revolvers, coffres, balances, batées, pics, médailles et autres objets s’avèrent habilement mis en valeur par une présentation aussi sobre que raffinée.

Cela dit, si ces pièces parlent en partie d’elles-mêmes, elles ont néanmoins besoin d’un peu d’aide pour nous révéler leurs secrets plus intimes et nous raconter comment l’or a influencé le destin des Amériques. À cet effet, le Musée s’en est remis à l’expertise d’un comité scientifique composé de neuf spécialistes, qu’on peut d’ailleurs voir dans une vidéo où ils se prononcent à tour de rôle quant à l’intérêt du sujet, que ce soit parce que l’or est lié à l’histoire de la Terre, qu’il a été un catalyseur majeur dans le développement du continent ou en raison de sa valeur symbolique, par exemple. Et force est d’admettre que l’exposition exploite efficacement cette richesse, en proposant un tour d’horizon à la fois vaste et bien structuré, mettant clairement en relief les différents enjeux en cause (anthropologiques, géologiques, économiques, environnementaux, etc.). Ainsi parcourt-on cinq zones, respectivement consacrées à la période précolombienne (alors que la métallurgie apparaît entre 1500 et 1000 av. J.-C. dans les régions andines où l’or, sueur du Soleil, possède une dimension sacrée), à la conquête (les mythes d’Eldorado et de Cibola côtoyant colonisation, évangélisation et multiplication des échanges), aux ruées vers l’or (celles de la Californie et du Klondike, notamment) et à l’or aujourd’hui (ses propriétés, ses usages, l’évolution des techniques d’extraction, etc.), avec, au centre, une vitrine où trône la plus grosse pièce d’or pur au monde (100 kg), d’une valeur marchande de 2,9 millions de dollars. Bref, de quoi impressionner et instruire, non sans également ouvrir une perspective originale sur notre passé.

Jusqu’au 11 janvier 2009
Au Musée de la civilisation
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