Yves Trudeau : Le code Trudeau
Les sculptures d’Yves Trudeau donnent l’impression de recéler bien des secrets. L’exposition Rétrospective permet d’en percer le mystère.
Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke présente une rétrospective des oeuvres du sculpteur Yves Trudeau pour souligner les 50 ans de carrière de cet artiste. Nous avons eu la chance de visiter cette généreuse exposition en sa compagnie. Il fut intéressant de l’entendre raconter la petite histoire de chacune de ces sculptures qui ont marqué son parcours réparti en sept grandes périodes: figuration (1950-1959), abstraction (1959-1960), fer et bois (1960-1967), hard edge et minimalisme (1969-1986), séquentielles (1986-1988), parvis et portails (1988-2005) et vestiges (2005 à aujourd’hui). "J’adopte un nouveau style lorsque je suis rendu au point d’arrivée d’un autre", explique le sculpteur.
Lors de cette visite, c’était encore plus fascinant de le voir manipuler ses oeuvres: il donne une châtaigne à l’une d’elles pour la faire longuement vibrer, il en fait tourner une autre sur son pivot (ce qui fait un inquiétant grincement) et le plus fascinant, il les imbrique l’une dans l’autre comme des morceaux d’un bien étrange et massif casse-tête. On se croirait en présence d’artefacts dignes du Da Vinci Code ou d’une aventure d’Indiana Jones…
Chose certaine, Yves Trudeau ne doute pas de la solidité de ses sculptures. D’ailleurs, plusieurs de celles-ci se retrouvent en plein air, et ce, un peu partout en Estrie; il est à l’origine d’un grand nombre d’oeuvres publiques.
En plus du Phare du cosmos qu’il a fait pour l’Expo 67 (aujourd’hui situé au parc Jean-Drapeau à Montréal), sa sculpture extérieure la plus connue est sans doute celle du Centre d’arts Orford (intitulée Vivace en référence au mouvement musical), qui est devenue le symbole de l’endroit. Ce lieu fut marquant pour lui. "En 1950, c’était le Camp des Jeunesses musicales, se remémore-t-il. Les fins de semaine, j’y allais pour donner un coup de main au fondateur, mais du même coup, je courtisais sa soeur… Ça fait 53 ans qu’on est mariés." Ratoureux, le sculpteur!
Pour nous faire mieux comprendre son travail, Yves Trudeau nous guide vers l’une de ses oeuvres, sa pièce maîtresse. "J’ai une sculpture qui résume tout. C’est la Citadelle lunaire." On y retrouve, entre autres, des arcs gothiques et des angles de rencontre qui reviennent constamment dans son travail. Un autre élément omniprésent dans l’oeuvre d’Yves Trudeau est cette dénonciation des conflits planétaires. "La sculpture permet au moins deux choses: elle peut décorer et elle peut faire penser. Je ne crois pas amener la paix avec mes sculptures, mais ça me permet de réagir à certaines choses", explique cet homme épris de paix.
Engagé également dans sa pratique, il fonda l’Association des sculpteurs du Québec, car la peinture occupait toute la place dans les années 60. "L’association ne refusait aucun sculpteur professionnel. Ça coûtait 2 $ pour être membre. C’était assez underground." Tout de même, ce regroupement permit à la sculpture d’avoir une plus grande place dans les expositions de l’époque.
Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, c’est tout un étage qui est occupé par la sculpture d’Yves Trudeau. À vous de la décoder.
Jusqu’au 13 octobre
Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke
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La sculpture, les oeuvres publiques, Henry Moore