Michèle Provost : Offres alléchantes
Arts visuels

Michèle Provost : Offres alléchantes

Michèle Provost à la Galerie d’art de l’Université Carleton: difficile de ne pas succomber à la tentation…

Capitalisme mercantile, cycle insidieux de la surconsommation, battage publicitaire qui alimente toute la machine… de bien moroses idées qui défilent à l’esprit devant la nouvelle exposition de l’artiste outaouaise Michèle Provost. Celle dont le travail a circulé un peu partout au pays, et dont les oeuvres font partie des banques du Conseil des Arts du Canada et de Loto-Québec, poursuit son recensement de conditions et caractéristiques plus ou moins enviables d’une société qui profiterait amplement d’un petit coup de pied au derrière… Mais heureusement, sa proposition fait découvrir un univers qui ravivera aussi la mémoire d’un public familier avec l’évolution historique du champ des arts visuels, toujours en plein épanouissement.

Selling Out est une installation qui plonge le visiteur dans l’étalage séducteur de marchandises destinées à assouvir les besoins grandissants d’acheteurs fortunés. Ici, les objets de convoitise sont les suivants: 155 figurines de héros du domaine esthétique d’hier et d’aujourd’hui dans leur emballage original, 200 cartes de collection avec étui à l’effigie d’autres artistes dignes de mention, et 12 bandes dessinées encadrées sous verre rendant un hommage particulier à Vélasquez, Caravaggio ou Koons, pour ne nommer que ceux-là.

Chacune des pièces est unique en son genre, fabriquée par Provost elle-même: statuettes sculptées dans l’argile, morceaux de carton glacé configurés à la technologie numérique, couvertures de fanzines brodées de ses dix doigts de fée… Sont aussitôt évoqués les ready-made de Warhol (à la différence que ceux-ci étaient élaborés de façon sérielle), ramenant au front les concepts originels de la virtuosité artistique et du compétent "fait main". Sans compter la mince ligne qui sépare les notions définissant l’oeuvre d’art et celles justifiant le produit industrialisé…

L’espace de la galerie se substitue au lieu commercial du grand magasin, brouillant ainsi le rôle de l’observateur en action. Serait-il devenu à son tour l’insatiable consommateur ou reste-t-il simplement amateur de l’exposition? Difficile de résister à l’envie de posséder l’inventaire au complet lorsque tous ces articles semblent posséder une valeur inestimable…

Jusqu’au 24 août
À la Galerie d’art de l’Université Carleton
Voir calendrier Arts visuels

À voir si vous aimez / Sylvie Fleury, Maurizio Cattelan, BGL