Will Alsop : Bâtiment phare
Will Alsop, architecte de réputation internationale, fait l’objet d’une petite expo au Centre canadien d’architecture. Portrait d’un catalyseur de changements urbains.
À Montréal, le domaine des arts visuels connaît une vitalité incontestable. La profusion des expositions de nos artistes (et d’artistes étrangers) en fait une ville bien intéressante. Peut-on en dire autant dans le domaine de l’architecture? Alors qu’à Toronto, Frank Gehry (né dans cette ville) a redessiné l’Art Gallery of Ontario (qui rouvrira cet automne) et que Daniel Libeskind a terminé la nouvelle aile du Royal Ontario Museum, on cherchera en vain à Montréal des projets de cette ampleur. La faute incombe bien plus à la timidité de nos décideurs qu’à un manque de créativité de nos architectes ou d’activité dans le domaine du bâtiment. Depuis plusieurs années, on traîne du pied dans le projet du silo no 5 dans le Vieux-Montréal qui pourrait accueillir une annexe du Musée d’art contemporain…
Le Centre canadien d’architecture rend hommage ces jours-ci à un projet des plus curieux réalisé à Toronto et qui saura peut-être faire réfléchir nos dirigeants montréalais et québécois si frileux. Ceux-ci devraient se souvenir de l’impact du Guggenheim de Bilbao (par Frank Gehry) sur l’augmentation du tourisme au Pays basque…
En 2004, était inauguré à Toronto le Centre for Design de l’Ontario College of Art and Design (OCAD), juste à côté de l’Art Gallery of Ontario. Signé par l’architecte londonien Will Alsop (né en 1947), ce bâtiment a créé tout un remous. Alsop n’en est pas à sa première polémique. Il a développé une architecture aux formes inusitées et aux couleurs vives qui est souvent en rupture avec le paysage urbain qui l’entoure. Et l’OCAD, qui ressemble à un dessus de table ou à une planche à repasser flottant dans les airs, ne manque pas d’originalité. Dans son titre, l’expo présente ce bâtiment comme un "manifeste urbain"; en effet, il incarne un parti pris fort, peut-être trop moderniste.
Alsop est davantage un moderne qu’un postmoderne. Il est plus du côté de cette époque où le geste, l’intervention monumentale de l’architecte primait que du côté du dialogue avec le tissu urbain qu’une certaine architecture postmoderne préconise. Mais voilà une architecture de l’expérimentation, de l’innovation qui ne manque pas de force d’attraction. Elle fait vibrer en peu plus cette ville ontarienne qui fut si sage. Montréal aurait besoin d’une telle agitation.
À voir si vous aimez /
L’architecture contemporaine