Susan Kealey et Mary Ann Barkhouse : Charme et gravité
Deux captivantes expositions prennent l’affiche jusqu’au 24 août à la Galerie d’art d’Ottawa. D’abord, l’ouvrage mural de Susan Kealey, L’Entraide, démontre que de simples et sobres matériaux trouvés peuvent révéler simultanément une histoire et une mémoire singulières. Ce sont 42 écussons provenant de blousons d’écoliers, choisis et agencés soigneusement, qui ont été fixés sur des morceaux de tissu aux motifs et aux couleurs assorties. Les bannières arborant fièrement les noms qui, en soi, passeraient inaperçus, communiquent des traits de personnalité auxquels l’observateur s’attache aisément, et sur lesquels il lui est possible de spéculer. L’artiste d’Ottawa, non voyante et atteinte de leucémie avant son décès en 2000, parvient ici à faire revivre et à inventer des vestiges séduisants au caractère humain.
Il faut aussi mentionner Les Rênes du chaos, de Mary Ann Barkhouse, membre de la tribu nimpkish, en Colombie-Britannique, dont le travail a été exhibé un peu partout au Canada et à New York. Imprégnée d’un humour subtil et dérangeant, son installation est inspirée d’un chapitre biblique et des annales de la colonisation canadienne. Les quatre cavaliers de l’Apocalypse (soit la Conquête, la Guerre, la Pestilence et la Mort) se subliment ici aux colonisateurs du pays, dans une mise en scène illustrant leur passage formateur instauré dès l’enfance… Que deviennent ces chevaliers à l’âge adulte? Le visiteur reconnaîtra sans doute le ton sombre et accusateur qui baigne dans les salles, mais sourira devant le ridicule dont lui-même peut aussi se couvrir, parfois…
À voir si vous aimez /
Zoe Leonard, Manuel Ocampo