Musée canadien de la guerre : Rire ou pleurer
Arts visuels

Musée canadien de la guerre : Rire ou pleurer

Deux expositions rappelant les événements de 1914 et de 1939 prennent l’affiche au Musée canadien de la guerre.

EN ATTENDANT LA MORT

Comment les soldats canadiens de la Première Guerre mondiale occupaient-ils leur temps en dehors des périodes de combat? Avec l’exposition Les Tranchées – L’Art de survivre, le visiteur est amené à découvrir les vestiges d’une vie militaire culturellement bien remplie, malgré la multitude d’épreuves auxquelles les recrues ont dû faire face dans les tranchées. De l’utilisation d’un jargon particulier en passant par les superstitions qui régnaient dans les troupes pour défier la mort, des textes, des images et des croquis proposent de retracer l’expérience du divertissement telle que vécue par les guerriers.

La présentation aborde le sujet dans un désordre presque complet, avec un côté touche-à-tout susceptible de plaire aux plus jeunes enfants. Un grand nombre d’activités de la sous-culture des combattants ont été recensées, mais le peu d’artéfacts véritables illustrant ces occupations (plusieurs témoignages ont simplement été retranscrits) résulte en une rencontre généralement trop brève avec l’univers étudié…

Quelques éléments qui ressortent cependant du lot: les objets d’art fabriqués sur le terrain à partir de l’arsenal disponible, comme un service à thé composé de douilles de toutes grandeurs et de balles de fusil. À noter aussi: des extraits plutôt comiques de journaux qui mettaient à profit le talent d’auteurs, de poètes, de farceurs et de caricaturistes parmi les enrôlés, ainsi que des clichés de troupes de théâtre dont les spectacles parodiaient l’absurdité du conflit armé et les plus hauts gradés des bataillons.

LES DÉGATS DE LA SCIENCE

"Vous partagez la charge! Une personne malade héréditairement coûte 50 000 reichsmarks en moyenne jusqu’à l’âge de 60 ans."
photo: Collection de l’USHMM

Quant à l’exposition Médecine mortelle – Créer la "race supérieure", elle examine en profondeur les fondements et les répercussions des politiques raciales de l’Allemagne nazie avec du matériel saisissant qui en fera frissonner plusieurs.

Petit rappel historique: ce sont six millions de Juifs européens qui ont été tués pendant l’Holocauste sous les ordres du gouvernement allemand et de son dirigeant Adolf Hitler, sans compter les autres éliminés au nom de l’épuration de la race… L’idéologie de l’époque prétendait à une supériorité biologique basée sur les principes scientifiques de l’eugénisme, qui prônait la reproduction sélective afin d’engendrer l’être humain parfait…

La rétrospective mise en circulation par le United States Holocaust Memorial Museum de Washington rend compte du développement de cette médecine fatale en l’éclairant par une foule de documents visuels pertinents issus de milieux médicaux (telles des photographies de sujets humains dits inférieurs dans des laboratoires de recherche, ou encore des échantillons gradués utilisés pour mesurer la couleur de la peau), et d’autres ayant servi à l’éducation générale du public (par exemple, une légende trouvée dans un manuel de biologie du secondaire qui dénonçait les coûts qu’engendraient les individus jugés déficients.)

Le visiteur éprouvera un malaise certain devant l’ampleur prise par de telles politiques, et devant le nombre effarant d’individus impliqués, de près ou de loin… Coeurs sensibles s’abstenir.

Jusqu’au 13 avril [Les Tranchées]
Jusqu’au 11 novembre [Médecine mortelle]
Au Musée canadien de la guerre
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