Françoise Cloutier : Ballet ancestral
Arts visuels

Françoise Cloutier : Ballet ancestral

Passionnée de calligraphie chinoise, Françoise Cloutier présente l’exposition La Chorégraphie du pinceau au Centre culturel Yvonne L. Bombardier de Valcourt.

Depuis une dizaine d’années, l’artiste interprète les oeuvres très anciennes réalisées par de grands maîtres calligraphes. "Ce n’est pas de la simple copie. Je suis un peu comme un danseur qui effectue le ballet d’un chorégraphe. Il s’agit pour moi de retrouver le geste du grand maître, la danse de son pinceau." Lors d’un voyage de quatre mois et demi en Chine, en 2007, Françoise Cloutier a littéralement pénétré dans l’oeuvre de Huai Su, un moine chinois du 8e siècle surnommé le "moine excentrique".

L’étude des oeuvres de ce grand maître calligraphe constitue d’ailleurs un vrai travail de moine. "Lorsque je fais une toile d’une trentaine de tracés, il faut que les 30 soient bien. Plusieurs se retrouvent donc finalement à la poubelle!" Beaucoup moins liée à l’écriture que la plupart des Occidentaux sont portés à le croire, la calligraphie chinoise est considérée comme un mode d’expression personnelle. Françoise Cloutier donne l’exemple de la Présentation autobiographique de Huai Su, une calligraphie longue de 7,55 m dans laquelle le grand maître raconte son parcours de vie comme calligraphe. "L’intérêt du texte est plus documentaire que littéraire. Ce qui en fait une pièce remarquable, c’est l’audace extrême du tracé et son incroyable exubérance, qui rend d’ailleurs le tout pratiquement illisible, même pour les Chinois, tant les caractères y sont traités de façon abstraite. La modernité de cette oeuvre est surprenante. Je ne me lasse pas de jouer et rejouer cette pièce."

La calligraphie chinoise s’apparente donc davantage à l’art abstrait. Françoise Cloutier tente de reproduire la posture du calligraphe: "La nuance du tracé entre son début et sa finale, la prévision de son enchaînement avec le tracé du prochain caractère, l’énergie que l’artiste exprime, la vitesse du geste, tout cela concourt à donner à la composition son originalité." Bien qu’elle interprète quelques caractères uniques, la calligraphe estime qu’il serait présomptueux de sa part de créer ses propres compositions. Elle souligne qu’il est d’usage, dans l’apprentissage de la calligraphie, d’étudier les oeuvres des grands maîtres et de les interpréter. "Peut-être que j’arriverai un jour à développer mon style personnel, mais je ne me fixe pas cet objectif. J’ai déjà beaucoup de plaisir à faire ce que je fais. Et je suis contente de pouvoir le partager."

EXPLORER UN NOUVEL UNIVERS

Françoise Cloutier affirme que contempler la calligraphie chinoise constitue une autre façon d’explorer la Chine et sa culture. Elle-même y a été initiée en 1998 lorsqu’elle s’est inscrite à l’école d’art de Ngan Siu-Mui, maître de réputation internationale. "Son enseignement traditionnel a été pour moi un extraordinaire voyage dans un univers culturel qui m’était complètement inconnu et qui ne cesse de m’émerveiller." Selon l’artiste, il faut prendre le temps d’observer les oeuvres avec attention pour saisir la variété et la créativité dans l’exécution. "Il y a des centaines d’interprétations du magnifique signe vent. On suit la balade du pinceau. Ce n’est pas grave de ne pas comprendre. Il ne faut pas s’arrêter là."

Jusqu’au 1er septembre
Au Centre culturel Yvonne L. Bombardier
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La culture orientale, la calligraphie