France, Nouvelle-France : Il était une fois en Amérique
L’exposition France, Nouvelle-France est à l’affiche du Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal pour encore deux mois. Alors que Québec souffle ses 400 chandelles, une expo à voir ou revoir, histoire de se connaître un peu mieux.
Il est des sujets que l’on connaît sans connaître. Évidemment, les expressions Filles du Roy ou Grande Paix de Montréal nous sont familières; évidemment, les noms de Samuel de Champlain ou Louis Jolliet évoquent d’emblée un pan d’histoire, mais peu savent situer ces éléments dans la perspective globale du peuplement français en Amérique du Nord, d’autant plus que notre compréhension des choses a beaucoup évolué ces dernières années.
Pointe-à-Callière présente depuis le début de l’été et jusqu’en octobre une expo fort bien faite, riche de documents d’archives du plus haut intérêt (plusieurs cartes rares, entre autres) et d’artefacts divers, issus de la vie quotidienne. Surtout, France, Nouvelle-France – Naissance d’un peuple français en Amérique explique de façon claire, images et anecdotes à l’appui, toute la fragilité d’une telle implantation humaine sur un continent nouveau, soumise de surcroît aux aléas du bouillonnement politique européen. On mesure bien les différences de stratégies à l’oeuvre dans les colonies anglaises et françaises, les premières, organisées de manière plus méthodique, moins éparpillées sur le territoire et qui visent plus tôt l’établissement de familles entières, prospérant infiniment plus vite au milieu du 17e siècle. Du côté français, où l’on compte un peu trop sur de fragiles ententes franco-indiennes, la plupart viennent travailler quelques mois à peine, le temps de remplir un engagement professionnel, puis rentrent en France. Il faut dire qu’il n’y a alors rien pour les retenir…
L’arrivée de 770 filles envoyées par Louis XIV pour prendre mari, entre 1663 et 1673, va profondément changer le scénario. L’expo montre d’ailleurs, à travers un graphique en trois dimensions intégrant des modèles réduits de lits "cabanes" (voir photo), le bénéfice exponentiel de l’opération, toute une nouvelle génération de natifs de Nouvelle-France apparaissant bientôt.
Fruit d’un partenariat entre Pointe-à-Callière et le Musée d’histoire de Nantes, France, Nouvelle-France explore les différentes tentatives de peuplement et d’expansion qui ont suivi (vers la Louisiane entre autres), mais aussi le Grand dérangement acadien de 1755 et, forcément, la victoire de Wolfe sur Montcalm (1759) et ses répercussions, alors que s’ouvre un nouveau chapitre de notre histoire, dont on peut dire avec le recul qu’il représente une forme de victoire dans la défaite.
On fait le tour des salles en à peine une heure. Pour qui a à coeur les sources de cette improbable culture francophone américaine qui est la nôtre, rarement 60 minutes auront été si bien employées.
À voir si vous aimez /
Le livre La mesure d’un continent de Raymonde Litalien, Jean-François Palomino et Denis Vaugeois