En plein coeur de la fièvre olympique chinoise, l’exposition Shanghai Shanghai, une sélection d’ouvrages photographiques et vidéographiques de Zhenchen Liu, vient mettre en lumière les particularités alarmantes et symptomatiques d’une ville en constante évolution. À la fois documentaires et fictions, les projections et épreuves du créateur, poétiques et esthétisantes, rendent compte des répercussions douteuses que les concepts idéalisés de la vitesse et du progrès engendrent dans cette métropole surpeuplée.

La démarche de Liu s’inspire du fait que lorsqu’il retourne à Shanghai (il vit et travaille maintenant en France), il ne reconnaît plus son berceau natal. Les transformations physiques que connaît cet empire de la finance, du tourisme, de la culture et du design se succèdent à un rythme fou depuis les réformes économiques de 1990, sans oublier qu’il constitue aussi l’un des plus grands ports d’échange au monde.

Shanghai Express illustre d’ailleurs une facette de cette réalité. La séquence vidéo filmée du 56e étage d’une tour d’habitation, des petites heures brumeuses (ou plutôt polluées) du matin jusqu’à la tombée du soleil, montre en accéléré une activité portuaire interminable, en plus de celle, tout aussi excessive, des chantiers de construction avoisinants. Le rythme effarant et la grisaille à perte de vue de la poussière et du béton laissent perplexe… Et ils y survivent, là-bas?

Autre court métrage percutant, Under Construction est le résultat d’une approche plus expérimentale, qui utilise une imagerie numérique retravaillée pour donner l’illusion d’une troisième dimension. Le mot d’ordre de cette proposition: détruire pour mieux revitaliser les vieux quartiers, au détriment de milliers de familles forcées de s’établir ailleurs (quand elles en ont les moyens, il faut dire). Situation plutôt controversée malgré la noblesse du mandat…

À noter que l’artiste a participé à de nombreuses expositions internationales, dont la 7e Manifestation internationale vidéo et art électronique et le 35e Festival du nouveau cinéma, tous deux établis à Montréal, et que plusieurs prix lui ont été attribués, notamment en France, en Suède, au Brésil et en Allemagne.

Jusqu’au 28 septembre
À la Galerie d’art de l’hôtel de ville
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Andreas Gursky