Geoffrey James : L’art de voir
Geoffrey James au Musée des beaux-arts du Canada: une exposition qui plonge le visiteur dans un univers photographique qui intrigue et dérange.
La rétrospective Utopie/Dystopie. Les Photographies de Geoffrey James bat son plein au Musée des beaux-arts du Canada. Les clichés de paysages naturels et aménagés, croqués un peu partout en Europe et en Amérique du Nord, véhiculent les préoccupations artistiques et sociologiques du photographe.
Geoffrey James, originaire du pays de Galles, a d’abord mené une enfance nomade, ayant résidé en Italie, puis en Égypte et en Angleterre. C’est à l’âge adulte qu’il s’est installé à Montréal afin de travailler à titre de rédacteur d’articles sur l’art. C’est lors d’un voyage en Europe qu’il s’est découvert un intérêt particulier pour la photographie de jardins à l’aide d’un appareil 35 mm.
L’exposition s’ouvre sur des compositions de petits formats, majoritairement en noir et blanc, allongées à l’horizontale. Les panoramas capturés affichent une structure savamment étudiée, où se distinguent plusieurs points focaux. Les sujets de ces oeuvres (un sentier à Veio, les détails architecturaux d’une villa, un jardin de sculptures anglais) se trouvent alors compartimentés sur un même plan, forçant la lecture visuelle en plusieurs séquences de l’image proposée.
Deux autres séries semblent quant à elles vouloir provoquer un certain malaise chez le visiteur. La première, intitulée Lethbridge, recense les éléments humains et industriels trouvés dans l’environnement paisible d’une communauté qui le paraît tout autant (le terrain de golf vide au pied d’une chaîne de montagnes constitue un bel exemple). L’observateur est charmé par la grandeur superficielle du propos, mais aussitôt repoussé par sa teneur véritable. Paris, une autre suite d’où émane aussi cette absurdité subtile, étonne parce que dénudée de piétons, malgré l’abondance de panneaux publicitaires et de graffitis sur les structures briquetées…
L’ensemble de cette présentation introduit des images ambiguës à la construction astucieuse en invitant à une réflexion profonde.
Jusqu’au 19 octobre
Au Musée des beaux-arts du Canada
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À voir si vous aimez / Isabelle Hayeur