Retour après la pause : Culture du réconfort?
Dans De Retour après la pause, le commissaire Mathieu Lévesque souligne comment nos univers visuels d’adultes dialoguent avec nos souvenirs d’enfance. Flash-back.
Il y a eu une génération qui a été émerveillée en regardant des émissions comme La Boîte à Surprise, Bobino, Fanfreluche, Sol et Gobelet. Puis, il y en a eu une autre qui a développé sa créativité grâce à Passe-Partout, Les 100 Watts, E.T. et La Guerre des Tuques. Les enfants d’aujourd’hui seront peut-être inspirés par Macaroni tout garni et par La mystérieuse mademoiselle C… Ce qui est sûr, c’est que depuis plusieurs décennies, notre imagination dialogue avec nos souvenirs télévisuels et cinématographiques de notre enfance ou notre adolescence. Et bientôt, il faudra aussi y inclure le monde visuel d’Internet…
L’exposition De retour après la pause souligne l’impact de ces univers visuels dans l’imaginaire de nos artistes québécois. Dans le monde de l’art contemporain, compétitionnant trop souvent avec le milieu superficiel de la mode et de la pub, voilà un angle intéressant pour aborder les liens entre culture populaire et arts visuels. L’artiste et commissaire Mathieu Lévesque souligne un phénomène bien présent en art contemporain. Ce phénomène a cependant un côté régressif et réconfortant qui peut agacer. Dans leur désir de récupérer la culture populaire, bien des artistes contemporains n’ont assimilé que l’aspect le plus superficiel et le moins critique du pop art. Pour résumer, disons que les artistes ont plus retenu de Warhol la série de boîtes de soupe Campbell que celles sur la chaise électrique, les émeutes raciales ou les armes à feu. Le côté bonbon du pop art l’a souvent emporté sur sa volonté d’effectuer une critique sociale.
Qui remarquer dans cette expo réunissant 13 créateurs, presque tous des peintres? Certains artistes évitent le kitsch inhérent à cette esthétique pop et savent l’interroger avec un sens critique plus significatif.
Jérôme Bouchard nous montre le col de Passe-Partout isolé en une belle volute rose flottant dans l’espace. Il signale comment notre mémoire est parfois marquée d’une étrange manière, s’attardant à des détails anodins. La manière dont les émissions de télé imprègnent les enfants est plus complexe que ce que l’on pourrait penser.
Lorraine Simms (que vous pouviez voir récemment à la Galerie Division au Belgo), nous montre des personnages clownesques qui sont plus étranges que réconfortants. Certains (qui s’inspirent de sculptures de Calder) ont l’air de fantômes venant nous hanter. D’autres, comme ce Mickey ou ce couple formé d’un chat et d’un chien (Dog and Cat Couple II), rappellent des gangsters masqués venant faire un hold-up dans une banque.
Cynthia Girard (qui est aussi présente à la Triennale d’art québécois au Musée d’art contemporain) fait un art nettement moins littéral et illustratif qu’auparavant. Du coup, elle pique fortement la curiosité de ses spectateurs. Sa peinture retient l’attention autant grâce à ses sujets énigmatiques que par ses titres obscurs (un exemple: La secte de la souris volante avec triangle-oeil). C’est comme si elle reprenait à l’univers de l’enfance sa liberté créatrice tout en résistant à une imagerie infantile.
Le public remarquera aussi la participation de Louis-Philippe Côté, David Elliott, Michel Boulanger, Nancy Bourassa…
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