Symposium d'art contemporain : Visiter le Symposium
Arts visuels

Symposium d’art contemporain : Visiter le Symposium

Tours de patinoire à l’aréna de Baie-Saint-Paul, où les 13 artistes invités au 26e Symposium d’art contemporain nous tendent des perches.

On se rappelle le thème des "connivences" et les mots de la commissaire Geneviève Pelletier: "Tel un espace ouvert où ne tient encore aucune certitude, la rencontre est une expectation." À notre premier tour de patinoire, on se tient loin des artistes. On reste sur nos gardes, dans "une attente prudente où nous évaluons nos premières impressions", comme l’expliquait la commissaire. À en juger par ce qui se trouve accroché aux cloisons des ateliers, certains artistes semblent plus avancés que d’autres. Dan Brault n’a suspendu que quelques toiles aux formes inusitées. Sylvain Bouthillette, lui, a complètement saturé son espace de cartons affichant noir sur blanc des jurons en gros lettrage carré.

Au deuxième tour, on fouille dans le bric-à-brac qui s’accumule sur les tables de travail: d’intrigants polaroïds servant d’archives à des filatures chez Josée Landry-Sirois, d’amusantes marionnettes chez Graeme Patterson, des formes abstraites découpées dans du foamcore chez Anibal Catalan.

Une revue ouverte sur un article consacré à Jasper Johns traîne dans le coin de Josette Villeneuve. Il fallait s’y attendre puisque l’artiste représente elle aussi des drapeaux. Son oeuvre ne porte cependant pas sur la peinture. Villeneuve travaille plutôt à partir d’un matériau pauvre mais d’une richesse sémantique inouïe: des étiquettes de vêtements. Elle les assemble de manière à créer des drapeaux de pays à l’iconographie détournée. En cousant ensemble ces banals morceaux de tissu, elle construit un discours qui touche aux problématiques de l’heure: mondialisation des marchés et mutations identitaires.

Le porte-folio d’Annie Baillargeon est rempli de superbes photomontages baroques et géométriques. Dans son espace, l’artiste a aménagé un studio de prises de vue où elle invite les visiteurs à revêtir des costumes loufoques. Lors de notre passage, elle peaufinait sur Photoshop un personnage-oiseau qu’elle destine à une grande composition où le corps devenu motif servira de métaphore à la collectivité humaine. Ses univers empreints d’onirisme charment, en appelant à notre innocence.

Au troisième tour de patinoire, on ose parler aux artistes. Disons qu’à force de tourner, comme ça, en rond, la force d’attraction est de plus en plus grande. L’artiste Howie Tsui nous parle de son projet Horror Fables, qui porte sur la peur. "Mes dessins sont composés de figures horrifiques inspirées des traditions de l’Orient et de l’imagerie populaire. Dans l’Asie ancienne, dit-il, les histoires d’horreur servaient à inculquer des leçons morales. Aujourd’hui, elles servent d’outil de domination politique. Je veux incorporer ces deux aspects dans mon projet."

Loin de l’espace d’exposition habituel des arts visuels, l’aréna de Baie-Saint-Paul bouleverse nos habitudes et nous force à quitter nos certitudes. Voir un travail en cours de création peut être assez déstabilisant. Disons-nous alors qu’à mesure que se développe le travail des artistes, nous travaillons, nous aussi, à le recevoir.

Jusqu’au 31 août
À l’aréna de Baie-Saint-Paul
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