Charles-Mathieu Brunelle : Choix de vie
Neuf ans après avoir fondé la TOHU, Charles-Mathieu Brunelle prend la barre des Muséums nature Montréal. Il nous parle de ce poste qui le place au coeur des grands enjeux de notre temps.
Étrange impression que celle d’avoir au bout du fil un gestionnaire aguerri, habitué des postes importants, et en même temps un gamin, les yeux ouverts comme des billes sur le monde et tout ce qui se cache sous les cailloux. Celui qui a été directeur de la Compagnie Marie Chouinard, codirecteur de la Cinémathèque québécoise; celui qui fondait la Cité des arts du cirque (TOHU) en 1999, dont il dirigeait depuis les destinées, paraît en effet avoir préservé une curiosité intacte. Voilà que Charles-Mathieu Brunelle se voit offrir un rôle sur mesure: la direction des Muséums nature Montréal, qui regroupent le Biodôme, l’Insectarium, le Jardin botanique et le Planétarium. Quatre institutions désormais indissociables de la métropole, qui émerveillent chaque année pas moins de 1,7 millions de visiteurs.
Quelques heures à peine après son entrée en fonction, nous lui avons demandé comment il vivait ce nouveau défi: "C’est un cadeau, un grand cadeau, nous disait-il, visiblement très ému. J’entre dans un milieu d’une richesse inouïe", ajoutait-il, n’hésitant pas à parler d’une étape cruciale dans son cheminement non seulement professionnel, mais aussi personnel. "Depuis quelques années, la science m’intéresse beaucoup. La science et, dans une perspective plus large, les origines de la vie. Évidemment, ça a été un deuil de quitter la TOHU, mais au-delà du fait que je pars avec la fierté d’avoir vu cette organisation prendre un véritable envol, j’ai l’impression d’aller vers quelque chose qui m’interpelle très fort."
LE FACTEUR HUMAIN
Le bienheureux transfuge compte bien faire fructifier son expérience récente. "À la TOHU, il y avait un facteur humain très présent. Je pense aux artistes et intervenants, mais aussi aux réalités du quartier Saint-Michel, que nous avons cherché à revitaliser. Les notions de créativité et d’ouverture à l’autre étaient toujours à mon esprit, et je fais assez facilement un lien avec les défis qui m’attendent. Je me retrouve au coeur d’institutions qui sont interdépendantes, à une époque où les scientifiques sont fascinés par cette idée d’une théorie qui unifierait, qui s’appliquerait autant à la physique quantique qu’à la biologie… Tout ça nous pousse à approcher la vie avec une attitude créative, et à souligner l’importance de l’humain dans cet ensemble."
Qui dit Muséums nature dit recherche et conservation, mais également mission éducative et diffusion, aussi le nouveau patron entend-il réfléchir beaucoup aux façons d’accueillir le public, de susciter la réflexion et le débat autour de questions que l’on n’aborde pas avec tout à fait assez de franchise, selon lui, sur la place publique. "Je sens chez les gens, de plus en plus, le désir de vivre des expériences qui rapprochent des enjeux liés à la vie sur Terre, qui touchent à la quête d’un sens à donner à tout ça."
Charles-Mathieu Brunelle, dont l’un des mandats sera bien sûr de mener à bien la création du nouveau Planétarium de Montréal (ouverture prévue à l’automne 2010), n’a pas l’intention de devenir un spécialiste de tous les champs de connaissance que touchent les Muséums nature, mais on peut compter sur lui pour ne pas se limiter aux tâches administratives et s’imprégner profondément des questions scientifiques et existentielles soulevées par ces champs: "Je serai le porte-voix des professionnels que comptent nos équipes, mais je serai aussi une voix parmi eux."