Escales improbables : Hasards ou coïncidences
Les 5e Escales improbables de Montréal feront de nouveau un pied de nez à la logique et à l’ordre des choses. À défaut de prévoir l’imprévisible, voici quelques repères.
C’est un peu l’exception à la règle. Un bel accident dans notre quotidien hyper fonctionnel, urbanisé, planifié.
Depuis cinq ans maintenant, pendant quelques jours de fin d’été, les badauds du Vieux-Port sont appelés à vivre des rencontres insolites, performances musicales ou dansées, marionnettes issues de nulle part, création en direct… Ici, pas d’horaire fixe, rien que des plages de temps où une seule chose est certaine: on fera tôt ou tard d’improbables escales.
En cette édition anniversaire, les Escales improbables proposent par exemple, du 12 au 14 septembre, quelque part entre 14 h et 19 h (et plusieurs fois par jour), Robyn Orlin (Afrique du Sud), dont la performance Although I live inside… my hair will always reach towards the sun explore le rapport – qui peut tourner à la confrontation! – entre une danseuse (Sophiatou Kossoko) et une chorégraphe. Aussi de la partie, les monstres de Julien Aillet (France), qui, avec son spectacle de marionnettes et théâtre d’objets intitulé Mogrr…, livre dit-on un exquis petit drame forain, ou encore le collectif montréalais Pique-Nique, formé de diplômés de l’UQÀM en arts visuels et en théâtre, qui présentera pas moins de sept créations in situ, oeuvres éphémères à saisir au vol.
Un peu avant ou un peu après, on entendra passer l’étonnant duo flottant composé du musicien Claude Barthélémy et de la danseuse Dominique Rebaud (France), et puis on surveillera Philippe Allard (Montréal), qui confectionne paraît-il, à partir de sacs de plastique recyclés, de grands drapeaux de prières bouddhistes.
Les Siestes musicales sont également de retour, des chaises longues, parasols et coussins accueillant qui le veut bien le temps d’un répit au son de Speed Caravan (Algérie/France), de Claude Barthélémy ou des "manoeuvres" d’Éric Létourneau, l’homme qui collectionne les minutes de silence. Parfois, c’est plutôt la musique des langues qui nous bercera, les conteurs de Mammalian Diving Reflex enchaînant des contes en créole, yiddish, chinois, espagnol, marocain ou inuit!
Ce grand rendez-vous des arts sans frontières, dont l’essentiel de la programmation est gratuit, débutera tambour battant avec Le Grand Tintam’Arts, un "pseudo-cabaret politiquement désarmant et irrespectueusement commémoratif", feu roulant de performances concoctées dans l’esprit d’Aimé Césaire, et qui réunira plusieurs des artistes ci-haut mentionnés ainsi que les Michel Faubert, Ruddy Sylaire (Haïti), Charles Papasoff et d’autres (le 11 septembre, de 19 h à 23 h, au Centre des sciences de Montréal, 18 $ à la porte).
On n’en sait pas tellement plus pour l’instant. Mais devrait-on s’en plaindre? Rappelons que l’événement est né de ces quelques mots d’Oscar Wilde: "On devrait toujours être légèrement improbable."