World Press Photo : L'état du monde
Arts visuels

World Press Photo : L’état du monde

Le World Press Photo est en ville pour la 7e fois. Le photoreportage à son meilleur, pour ceux qui croient en l’importance d’une conscience sociale.

Le cliché veut que nous soyons à l’ère des images, envahis de toutes parts par des représentations souvent mensongères (il est vrai que les images religieuses ou politiques d’autrefois ne mentaient jamais…). Du coup, submergés, afin de nous protéger de ce trop-plein, nous serions devenus insensibles aux divers contenus que ces images nous invitent à scruter. Pourtant, à voir la réaction des nombreux visiteurs de cette 51e édition du concours du World Press Photo, il semble bien que les images (lorsqu’elles sont bien faites) puissent encore émouvoir, troubler, interpeller, faire réfléchir…

Au Musée Juste pour rire (quel drôle d’endroit pour une telle expo!), vous pourrez donc visiter cette présentation du WPP, un organisme fondé en 1955 aux Pays-Bas et qui tente de mieux faire connaître le travail des photoreporters. Encore cette année, vous serez édifiés sur la condition humaine grâce à certains des sujets présentés. Citons quelques exemples. Erika Larsen montre des enfants de moins de 12 ans qui ont le droit de chasser dans certaines régions des États-Unis, alors que bien souvent ils n’ont pas le droit de boire de l’alcool avant 21 ans et ne reçoivent pas d’éducation sexuelle à l’école… Zsolt Szigetváry fait voir un couple battu par des nazis lors d’une Gay Pride à Budapest. Lana Slezic souligne à quel point la condition des femmes a peu changé en Afghanistan. Elles sont encore soumises à des "crimes d’honneur, mariages forcés, violences domestiques et privation d’éducation". Dans le même ordre d’idées, Vanessa Winship nous présente des jeunes filles qui, dans la campagne turque, se trouvent spoliées de leur droit à l’éducation (droit reconnu par la Charte des droits de l’homme de l’ONU). Cette série est l’une des grandes réussites de cette présentation, au croisement de Rineke Dijkstra et d’August Sander. Voilà la photographie documentaire à son meilleur, sachant associer une réflexion artistique à un contenu engagé. Vous trouverez une entrevue avec cette photographe (et avec d’autres) sur l’excellent site www.worldpressphoto.org.

IMAGES D’ICI

Une deuxième expo est présentée au Musée Juste pour rire. Il s’agit de La Foire de l’image de Montréal. Voici un projet qu’il faut saluer. Il permet de mettre de l’avant la photographie professionnelle d’ici. Nous y trouvons 115 participants avec des photos que vous pouvez acheter (www.lafoiredelimagedemontreal.com). L’événement célèbre les 30 ans de la CAPIC (Association canadienne des photographes et illustrateurs en communication). Vous y retrouverez des créateurs reconnus comme Benoit Aquin, Tshi, George Zimbel

Une célébration qu’il faudra réitérer (en dehors de cet anniversaire), mais en effectuant une sélection plus sévère des artistes et/ou des oeuvres. Les paysages d’automne de Paul McCarthy ou la vue du bord de mer se transformant en statue dramatique de Gilles Savoie me semblent des images bien trop décoratives et clichées.

À voir si vous aimez /
Caroline Hayeur

WPP:

Foire de l’image: