Signals in the Dark et Duet : La guerre à l’image
Les expos Signals in the Dark ainsi que Duet posent le problème de la représentation de la guerre. Comment déconstruire l’héroïsme latent dans ce type d’images?
La peinture d’histoire qui élaborait la chronique des héros majoritairement guerriers a depuis longtemps disparu. Ce genre a depuis été récupéré par le cinéma et surtout par les bulletins de nouvelles. Cette peinture d’histoire a même été transformée par les terroristes et guerriers actuels qui seraient devenus comme des artistes vidéo contemporains ayant une esthétique réaliste (involontaire) proche de celle des avant-gardes des années 60-70…
Du coup, l’artiste est court-circuité dans sa fonction classique de re-présentateur de l’événement historique et même dans sa radicalité visuelle moderne. Comment un artiste actuel pourrait-il produire des images plus prenantes que celles des terroristes ou des gardiens de la prison d’Abou Ghraib? Voilà le type de questions développées par les artistes et par les auteurs de l’excellent catalogue de l’expo Signals in the Dark, La pratique artistique à l’ombre de la guerre.
Tous les ingrédients sont ici présents pour créer un événement de qualité. Le sujet est particulièrement intéressant et bien des oeuvres frappent fort. Par exemple, vous y verrez Dial H-I-S-T-O-R-Y, de Johan Grimonprez, portant sur l’histoire des détournements d’avions. Il y montre comment la culture de la catastrophe est devenue dominante – un propos non loin du dernier livre de Naomi Klein sur la montée du capitalisme du désastre. Vous y verrez aussi le travail du collectif Bureau d’études qui expose, dans différents schémas, les liens entre les politiciens et les diverses compagnies dont l’industrie militaire… Et ce n’est qu’un aperçu de cette expo foisonnante.
Comme vous pourrez le constater, la prolifération de longs vidéos dans le domaine des arts visuels pose de sérieux problèmes au concept même d’exposition… Pourquoi ne pas montrer de telles oeuvres dans une salle de cinéma, où le spectateur sera plus confortablement assis et pourra suivre un programme plutôt que de le prendre à la volée, en cours de projection? L’accumulation d’oeuvres souvent longues (une des pièces dure près de deux heures) ne sied guère à l’expo en salle. De plus, les vidéos ainsi présentés ont tendance à se nuire les uns les autres, les sons de l’un rendant l’autre inaudible dans l’espace attenant. Cet aspect gâche un peu la qualité du propos.
PAS DE DEUX AU BORD DU PRECIPICE
Dans le même esprit, mais à la Galerie B-312, l’artiste Andrew Forster présente un vidéo intitulé Duet. Un couple de danseurs (Monique Romeiko et Robert Schweitzer) y reprend la gestuelle d’un jeune kamikaze de 14 ans, Hassam Abdo, arrêté en 2004 alors qu’il avait 8 kilos d’explosifs sur lui. Une étrange et dérangeante beauté se dégage de cette scène où, lentement, le danseur joue à se défaire de sa cangue d’explosifs. Forster nous confronte à la fascination qu’ont nos sociétés (pas seulement contemporaines) pour l’effroi.
À voir si vous aimez /
Le World Press Photo
Signals in the Dark:
Duet: