Jean-François Laporte
A-t-on déjà entendu le chant des aurores? C’est l’expérience que nous invite à vivre Jean-François Laporte avec Kyokkoufu.
Les aurores sont sur le point de se taire à Séquence, où l’exposition de Jean-François Laporte se termine le 12 octobre. Le projet Kyokkoufu (du japonais, kyokkou pour "lumières polaires" et fu pour "vent"), pièce magistrale de la présente exposition, accaparera l’attention du visiteur. Trois pièces hélicoïdales dont la rotation évolue, subissant tour à tour des accélérations, des ralentissements et des inversions, illuminent d’ocre et d’orangé la salle gardée dans la plus dense obscurité. Cet étrange ballet rotatif hypnotise à coup sûr le visiteur invité à s’asseoir pour profiter de ce spectacle "son et lumière" appelant une attitude méditative.
Le vrombissement sourd qui fait vibrer le passager de cet étrange voyage correspond à la musique étrange de ces lumières en mouvement. Les pales des trois hélices, mues par des moteurs indépendants et préprogrammés, captent les sonorités de la friction du vent qu’elles retransmettent pour créer un univers ambiophonique inédit auquel répond le tracé lumineux et changeant.
Cette oeuvre s’inscrit dans une démarche qui réinvente de maintes façons notre rapport à la musicalité. L’artiste semble en effet voir l’instrument en toute chose: il a déjà joué de la sirène de bateau, du silo à grains, et les trois rotondes de l’exposition sont munies de FlyinCans, qu’on a déjà pu entendre au Festival des musiques de création lorsque l’artiste y a fait une performance, en 2005.
De plus, les partitions proposées dans les autres espaces de Séquence donnent un aperçu particulièrement intéressant de ce qui est sans contredit un travail musical novateur. Ici, l’artiste s’applique à transcrire la musique des choses par des signes nouveaux et des gribouillis ordonnés. Et là, il va jusqu’à s’inspirer du théâtre, intégrant à ses partitions des didascalies – ces indications qu’un dramaturge imbrique dans le texte d’une pièce de théâtre et qui sont destinées à aiguiller le travail des metteurs en scène. Ainsi, la symphonie Partitions pour joueurs de ballounes ne peut être orchestrée que dans un contexte particulier sans lequel l’oeuvre ne saurait être complète…
C’est donc un vibrant hommage au son des choses qu’il serait dommage de manquer…
À voir si vous aimez /
Thomas Bégin, Carol Dallaire, Érik Samakh