RIOT BOYZ : Tous pour un!
Jusqu’au 12 octobre, la maison de la culture Frontenac présente l’exposition RIOT BOYZ, où trois artistes et un collectif nous en mettent plein les yeux et les oreilles. Huit gars, donc, et une sincère explosion de testostérone.
"Avertissement: l’exposition RIOT BOYZ présente du contenu comportant des scènes de violence, de nudité et un langage explicite." C’est sur cette affiche, collée sur la porte de la salle d’exposition, que notre voyage au pays des vrais mâles commence. "Nan, on n’est pas ici pour faire du tricot!" lance en riant Éloi Desjardins, commissaire de l’exposition en question.
Bien sûr, le nom est une boutade au Riot Grrrl, mouvement musical punk rock/hardcore et féministe créé, dans les années 90, en réaction aux tendances machistes de certaines factions du mouvement punk. L’esthétique percutante des Riot Boyz rejoint l’attitude abrasive des Riot Grrrls, mais c’est surtout par l’autodérision et l’ironie que les artistes ont exploré de manière crue, l’héritage d’une post-révolution féministe. Certes, le sujet est traité avec humour, mais le discours reste néanmoins extrêmement pertinent.
Au centre de la galerie, il y a d’abord Live Fast, Die Young/No Future de Mathieu Lefèvre, une installation punk-rock où un jeu pour enfant s’avère en fait un mausolée de fausses briques. Au terme de notre escalade en haut du mur rempli de graffitis, une glissoire rouge en plastique nous conduit directement au fond d’une belle grande tombe entourée de gazon vert.
Jean-François Leboeuf propose un projet intitulé Pau Wau, composé entre autres de photos (des lutteurs, des filles en bikini), d’une épée, d’un drapeau à l’effigie d’un band heavy metal et d’une structure au milieu de laquelle trône une vieille télé déposée sur un petit tas de gravier, où tourne en boucle la vidéo d’un feu de camp. Oui, en effet, pour Leboeuf, l’homme moderne s’est intentionnellement pris au piège de ses représentations.
Simon Bilodeau s’est intéressé pour ce projet aux clichés de la nouvelle bourgeoisie, classe sociale dominée par la valorisation de biens matériels indissociables du mode de vie des hommes qui la composent. Sa peinture Fuck Your Life cherche à réfléchir à la question de l’excès de mauvais goût. Deux chevreuils, trophées de chasse cadavériques, pendent lamentablement vers le sol, langue sortie. Aussi, deux petit monticules poudreux, brillants tas de bijoux en toc comme vomis par les cervidés juste au-dessus. (Soulignons que parallèlement, Bilodeau fait l’objet d’une exposition solo intitulée Vois comme c’est beau, à la Galerie Verticale de Laval.)
Pied de nez assumé aux WWKA, les Men With Home Hardware Appliance sont Médéric Boudreault, Mathieu Lacroix, Mathieu Lefèvre, Thierry Marceau et Marc-Antoine K. Phaneuf. Ta poule sent le poisson est une sorte de montagne de déchets de fond de sous-sol qui s’étend largement à nos pieds. L’installation cumule le summum de la virilité, ses artéfacts nécessaires et fondateurs, où canettes de bière vides, magazines de porno, battes de baseball, bottes de cowboy, vieilles cassettes et cartes de "Magic" côtoient boîtes de condoms, fusils, habits de vidangeurs, et j’en passe des masses. En sourdine et sortant d’une vieille radio, on a surtout droit à une mauvaise interprétation de Sad but True de Metallica, avec solos de drills et bruits de marteaux en trame de fond.
Machos, les Riot Boyz? Oui, non, un peu. Ils se trouvent surtout très drôles et ils le sont.