Alain Fleurent : Art mobile
Alain Fleurent, avec Mobile, crée une rencontre improbable entre les arts visuels et le secteur de l’automobile.
Certains ont peut-être remarqué que des structures inusitées ont récemment poussé dans une vingtaine de garages du territoire de Shawinigan. Ces compositions abstraites réalisées à partir de pneus s’inscrivent en fait dans le projet Mobile de l’artiste Alain Fleurent, qui cherche à créer des liens entre l’art et le quotidien.
"Comme artiste en arts visuels, ça fait depuis les années 90, entre autres en estampe, que je travaille avec les traces de pneu. Il y a plusieurs raisons à ça, mais une des principales, c’est que ça correspond à l’une de mes premières émotions esthétiques. Quand j’étais jeune, ma famille restait à la campagne. On était isolés, pas de voisins, dans un chemin en gravier. On attendait l’autobus le matin. Ça arrivait des fois, surtout au printemps ou à l’automne, comme la terre était plus molle, qu’on voyait les traces d’une voiture qui avait tourné pour changer de direction. L’empreinte et le soleil qui se levait, ça faisait de gros contrastes. Je me souviens que ça me touchait pour deux raisons: c’était beau et ça signifiait qu’on n’était pas isolés. Il y avait quelqu’un qui était passé. Donc ça a un lien avec la civilisation", raconte le fils de garagiste pour expliquer le fondement de sa démarche.
Alain Fleurent aurait pu mettre sur pied son projet dans n’importe quelle ville. C’est pourtant à Shawinigan qu’il a choisi de le faire. "Ce qui me touche à Shawinigan, c’est qu’on sent que les gens, sur le plan psychologique, sont vulnérables. Une chance qu’il y a eu la Cité de l’énergie, dit-il en faisait référence à l’économie précaire de la ville. J’aime ça faire de l’art quand ça rencontre la réalité. Quand je faisais mes projets, je voyais dans le visage des gens que ça changeait quelque chose dans leur vie. Pour eux, l’art, ça devient comme une nourriture presque essentielle vu qu’il n’y en a pas beaucoup."
Ainsi, avec la participation de garagistes spécialisés en pose de pneus, il a réalisé 20 sculptures qu’il a conçues en fonction de l’espace qui lui était alloué. "Je me suis pété le trip de voir si je pouvais faire 20 sculptures en quatre jours. Je commençais à 8h30 pour finir à 23h! Je suis rentré dedans: je l’ai fait en quatre jours. C’était comme une danse."
Les créations seront exposées tout le mois d’octobre. Pour les visiter, Alain Fleurent propose un rallye sur le site www.metatranses.com.