Gabor Szilasi et les frères Sanchez : Famille artistique
Arts visuels

Gabor Szilasi et les frères Sanchez : Famille artistique

Gabor Szilasi, l’un de nos plus grands artistes, nous dévoile des photos intimes de sa famille. À l’opposé, les Sanchez exhibent des milieux étouffants.

Il a eu 80 ans en février dernier et son oeuvre est l’une des plus grandes de notre petite histoire culturelle. Szilasi a su être le témoin du Québec et de ses régions (Charlevoix, la Beauce…) en posant sur notre monde un regard toujours curieux, sans condescendance et sans non plus tomber dans l’image mièvre et clichée, comme une certaine peinture a pu le faire. Alors que beaucoup d’artistes ont quitté (et continuent de quitter) le Canada pour tenter leur chance ailleurs, Szilasi a choisi de porter son regard sur notre société en changement, à la fois moderne et ancienne.

Je n’aime pas mélanger la vie de l’artiste à sa création. Cela donne souvent des considérations peu intéressantes ou, pire, des regrets quand l’artiste est (comme dans la grande majorité des cas) moins intéressant que ses oeuvres. Mais voici une expo où il serait bien difficile d’éviter la question. Dans Famille, vous verrez le photographe Gabor Szilasi se montrant jouant de la flûte dans sa baignoire, captant l’image de sa fille Andrea enfouie dans le sable ou de sa femme, Doreen, à Tarquinia en Italie posant derrière une statue antique… Et puis, dans quelques photos plus récentes, il y a aussi son beau-fils Michael et un nouveau venu, Lucas (le petit-fils de Gabor). Dans les 30 images (présentées avec la commissaire Hedwidge Asselin) prises par Gabor Szilasi avec son Leica, se dégage une énergie totalement envoûtante. Je ne suis pas un intime de la famille Szilasi, mais ce que je puis dire, c’est qu’il y a dans ces images la monstration d’une pulsion photographique qui semble aller de pair avec un désir intense de signer sa vie.

Une table ronde aura lieu le 23 octobre, à 19 h, avec la participation d’Hedwidge Asselin, Victoria LeBlanc, Doreen Lindsay, Gabor Szilasi et Andrea Szilasi. Le thème principal en sera "l’approche humaine de Gabor Szilasi".

LES FRERES SANCHEZ

À l’opposé de cette ambiance, les frères Carlos et Jason Sanchez nous décrivent un monde où la famille n’a pas un beau rôle. Dans la petite rétrospective de leur travail, réalisé entre 2002 et 2007, l’atmosphère est plutôt inquiétante. Citons quelques exemples. Dans une image, un jeune homme entouré de sa famille indifférente tape sur une piñata d’où coule ce qui semble être du sang. Toute proche, une enfant, petite reine de beauté, parade sur un podium d’une manière gênante et qui nous oblige à questionner les motifs de ses parents… Plus loin, un petit garçon dans une chambre pleine de jouets semble médusé, recroquevillé sur son lit… Chez les Sanchez, les ambiances sont étouffantes, mais les photos sont toujours d’une efficacité redoutable. Parfois elles ont un petit quelque chose de Jeff Wall (comme dans A Motive to Change), mais les Sanchez visent haut et ils risquent bien d’atteindre leurs idéaux.

À voir si vous aimez /
August Sander, Jeff Wall

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