Jeff Thomas : Qui est ton père?
Jeff Thomas, qui s’est vu décerner le prix Karsh 2008 pour son travail photographique exceptionnel, tente de faire valoir le point de vue des Premières Nations à travers une rétrospective.
Jeff Thomas est un artiste "iroquois urbain", comme il le soutient, né à Buffalo, dans l’état de New York. Le terme n’est pas, à proprement parler, défini dans les dictionnaires d’anthropologie, mais s’illustre clairement à travers le propos du créateur, aussi chercheur, conservateur indépendant, analyste culturel et orateur. En construisant une banque d’images reflétant sa propre expérience, le récipiendaire 2008 du prix Karsh (qui récompense tous les deux ans un artiste visuel oeuvrant principalement en photographie) tente rigoureusement de faire disparaître les stéréotypes et les caricatures opiniâtres qui circulent au sujet des Premières Nations.
La Galerie Karsh-Masson présente ainsi une rétrospective exhaustive de son travail avec une exposition ironiquement intitulée Who’s Your Daddy: 400 Years Later. Des suites de montages photographiques, des documents sur la cérémonie de remise du prix ainsi qu’une bande vidéo réalisée par son fils Bear Thomas composent la présentation, le tout abondamment ponctué d’écrits divers et de textes pertinents.
Le spectateur observera un côté expérimental à la recherche de Thomas, qui puise dans les jalons historiques avec une démarche indissociable d’un discours et d’un contexte. Il photographie la présence autochtone dans la culture d’aujourd’hui comme s’il remplissait un journal de bord personnel, faisant part de ses rencontres et de ses découvertes faites un peu partout aux États-Unis et au Canada (entre autres à Montréal et à Ottawa, où il a finalement élu domicile).
Dans sa série Indians on Tour, qui en fera sourire plusieurs, des Indiens de plastique reçus d’un ami qui l’ont inspiré au début des années 2000. Son fils Bear Thomas ne pouvant lui servir de muse à cette époque (comme maintes fois dans des projets précédents), ces jouets ont égayé des recoins de Toronto, de Winnipeg, même de Gatineau et de l’Europe, remettant constamment en question le rôle de l’Amérindien dans un contexte à la fois contemporain et urbain. Le regard posé reste intime, un peu loufoque, avec un ton qui se trouve surtout loin de l’accusation… À voir, le site complet de l’artiste: www.scoutingforindians.com
À voir si vous aimez / Greg Hill, Kent Monkman