Sympathy for the Devil / Warhol Live : Esprit rock, es-tu là?
Arts visuels

Sympathy for the Devil / Warhol Live : Esprit rock, es-tu là?

Au MAC et au MBA, deux expos traitent des liens entre arts visuels et musique. Effervescence artistique ou muséification de l’esprit contestataire?

Ce qu’il y a de plus étrange dans cette expo au Musée d’art contemporain (MAC) sur la folie créatrice du rock’n’roll et des arts visuels, c’est bien l’absence de folie dans sa présentation. Le visiteur cherchera bien où est le diable dans cette présentation très sage intitulée pourtant Sympathy for the Devil. La musique y est presque absente et les oeuvres vidéo qui auraient demandé à être tonitruantes y ont été mises en sourdine. Le cas le plus flagrant est sans nul doute celui de Pipilotti Rist dont les deux oeuvres sont inaudibles. Quant aux pièces choquantes, d’ordre sexuel ou irrévérencieuses, il faut presque les chercher. Elles sont si peu nombreuses que si un extraterrestre ne connaissant pas le rock débarquait au MAC, il se demanderait bien pourquoi ce genre de musique a pu créer des scandales. Et puis, il faudrait discuter des choix du commissaire Dominic Molon. Pourquoi Mapplethorpe est-il absent, lui qui fut le conjoint de Patti Smith? Et Candice Breitz? Et Jean-Michel Basquiat? Le projet était en théorie emballant, mais le spectacle qu’aurait dû être cette expo ne décolle pas. Est-ce un problème inhérent au fait de vouloir faire entrer au musée une approche esthétique inclassable? Pas sûr.

À l’opposé, l’expo Warhol Live au Musée des beaux-arts (MBA) remue. La musique y est bien plus présente. La salle-discothèque sur le Velvet Underground est un beau montage spatial qui emballe et fait ressentir la vitalité de cette époque. Les films de Warhol frappent fort, déroutent, nous font vibrer d’une manière étrange. L’esprit irrévérencieux du rock les habite. Vous aurez droit à l’entièreté du film Sleep (plus de cinq heures) qui montre, entre autres, en gros plan, les fesses nues du poète John Giorno.

La salle d’extraits de films va dans ce sens. Et la salle Mick Jagger parle d’une création trépidant au rythme de la pulsion sexuelle… Certes, la première salle (avec Elvis) ainsi que la dernière (avec les portraits très commerciaux et souvent kétaines de vedettes) me semblent une concession pour rendre le propos plus grand public, mais voilà une expo qui réfléchit aux liens structurels et pas seulement historiques ou d’ordre illustratif qui unissent musique et art.

À voir si vous aimez
The Velvet Undergound, les Rolling Stones…

MAC
MBA