Jamie Campbell / Kotama Bouabane : Jeunes poussent
Jamie Campbell et Kotama Bouabane occupent les cimaises de la nouvelle Galerie Push, qui veut pousser le public montréalais à acheter davantage l’art d’ici.
Décidément, le Mile End est devenu un incontournable du milieu de l’art contemporain montréalais. Nous y retrouvons la Galerie Simon Blais, les centres Clark, Articule, Diagonale, l’Atelier Circulaire… Et voici qu’une nouvelle venue s’installe boulevard Saint-Laurent, entre Fairmount et Saint-Viateur. Megan Bradley, jeune diplômée en histoire de l’art de l’Université Concordia, vient en effet d’ouvrir la Galerie Push. Son nom provient d’un désir, celui de pousser les gens à acheter plus d’art d’ici, car si "la créativité à Montréal est très développée, le marché ne l’est pas assez."
C’est aussi, plus simplement, une invitation à pousser la porte de sa galerie qui donne directement sur la rue. Chose plus rare qu’on peut le penser, cela permet d’avoir une vitrine accessible aux passants et de rendre l’art plus visible. Madame Bradley défendra-t-elle une approche ou un genre particuliers? "Les artistes actuels défendent un art multidisciplinaire, et s’il y a un thème à la galerie, ce sera celui-là."
Chose sûre, la Galerie Push représentera majoritairement des artistes émergents. Et c’est bien le cas ces jours-ci avec l’expo Vide, qui permet de découvrir deux jeunes créateurs, Jamie Campbell et Kotama Bouabane. Le premier, dans la vingtaine, vient d’achever sa maîtrise en photo à Concordia. Le second, né en 1980, a complété un diplôme en photographie à l’Ontario College of Art & Design en 2003.
Dans une de ses séries (Untitled), où divers individus sont affalés sur le sol (ou se cachent derrière une armoire, un rideau…), Jamie Campbell dévoile une certaine parenté avec les oeuvres de Yann Pocreau. Ces êtres semblent accablés par le poids de la vie, par un mal existentiel profond. Dans une autre série (Beasts of Burden), ces individus affligés portent une tête de mascotte, représentant un animal, ce qui rend leur situation à la fois ridicule et encore plus tragique.
Kotama Bouabane, de son côté, expose diverses pièces dont plusieurs de la série Melting Words. Des mots, faits de glaçons, traitent de la difficulté à dire certaines choses et de l’absence d’échanges entre les individus. Sa série de petites images de tableaux noirs d’écoles attire aussi l’attention et aurait gagné à être mieux installée pour que le visiteur puisse la scruter plus attentivement.
À voir si vous aimez /
Yann Pocreau, Barbara Kruger