Tim Clark : Déjouer le pouvoir
Arts visuels

Tim Clark : Déjouer le pouvoir

L’oeuvre que Tim Clark a réalisée entre 1975 et 2003 occupe la Galerie de Concordia. Performances et installations traitent des liens entre art et pouvoir.

La Galerie Leonard et Bina Ellen expose souvent des jeunes artistes d’ici. Elle fait aussi un important travail de remémoration de la pratique de créateurs ayant marqué la scène québécoise et canadienne depuis 40 ans, comme dans le cas de l’expo sur les artistes comme travailleurs culturels (Protocoles documentaires I et II). Voilà un mandat très louable et qui n’est pas assez investi par nos musées montréalais et même canadiens. À ce corpus, qui attire moins le public, nos musées préfèrent encore le Groupe des Sept, Emily Carr, le Refus global, les Plasticiens (1ers et 2nds)… Encore une fois, la Galerie de Concordia pose un regard sur un artiste ayant marqué notre histoire récente.

Nous pourrions interpréter de bien des manières cette expo sur l’oeuvre de Tim Clark, intitulée Reading the Limits. Tout comme le texte de présentation ou le catalogue, nous pourrions parler de la difficulté d’exposer les restes documentaires d’une oeuvre avant tout performative. Nous pourrions aussi, comme le commissaire David Tomas, nous demander si l’enseignement universitaire donné aux artistes depuis les années 60 n’a pas changé la nature de l’art en général et celle de la performance en particulier. Cette expo interpelle plusieurs autres problématiques dont celle de la représentation du pouvoir et de la masculinité, ainsi que de sa réappropriation et déconstruction par un homme.

Plusieurs titres d’oeuvres vont dans ce sens (Melancholy of Maleness, Livres pour hommes…). En général, la création de Clark fait souvent référence à la discipline, mais aussi à la violence masculine. Dans ce sens va aussi l’incorporation dans deux oeuvres de cette photo (d’August Sander) d’un jeune homme allemand faisant partie de corps de duellistes qui devaient se blesser au visage afin de se donner des cicatrices. Il en va ainsi du gant de cuir que mettait Clark dans plusieurs de ses performances. Il évoque un rituel presque militaire. Une oeuvre qui questionne d’une manière très physique et intellectuelle les notions de règles sociales et artistiques, les enjeux de pouvoir à l’oeuvre dans l’art.

À noter: la section Pistes de réflexion du site Internet de la galerie offre des informations précieuses sur les pièces présentées. Un exemple à suivre par les autres institutions.

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