Jean-Jules Soucy : L’ABC de la baie des Ha! Ha!
À Séquence, Jean-Jules Soucy, artiste emblématique de la région, présente la baie des Ha! Ha!… au pied de la lettre.
Il est de ces artistes qui arrivent véritablement à faire le pont entre le grand public et l’art contemporain. Vous en doutiez? Alors il faut passer à Séquence pour vous en convaincre.
Le Tapis stressé, La Pyramide des Ha! Ha!, Le Tour du Canada en vélo stationnaire. Il suffit d’évoquer son travail pour qu’il attire la sympathie générale. Au point où personne ne se surprendrait de voir apparaître son nom dans le dictionnaire, à titre d’exemple pour l’entrée du mot bonhomie. Parce que l’affable Jean-Jules Soucy semble tout pouvoir se permettre, sauf peut-être se prendre au sérieux.
Si le ton léger apparent de Dédouaner le plaisir ralliera la majorité des visiteurs, qui se font encore nombreux après plusieurs semaines, un regard attentif verra poindre des préoccupations on ne peut plus sérieuses. À preuve le diptyque présenté d’entrée de jeu: d’un côté, cette photo montrant l’artiste déguisé en souriant lapin, mascotte créée pour l’art contemporain; de l’autre, l’installation intitulée L’hare est mort, comprenant une "peau de lièvre" synthétique. Et encore, l’art évolution qui devient la Révolution, et ce discours antimonarchique (OEuvre en ti-monarques, King Can Kill You) qu’on voit surgir dans plusieurs pièces.
Depuis toujours, Soucy est fortement inspiré par Beuys et Duchamp. On trouve d’ailleurs certaines oeuvres palimpsestes parmi le corpus d’exposition, où les mots de Jean-Jules Soucy cohabitent avec le travail de ses maîtres à penser, réfléchissant aux conventions artistiques.
Le maître du calembour jongle avec les lettres et les concepts, retraçant dans les mots de tous les jours des vocables et des textes qu’on ne remarque jamais. Il situera la baie des Ha! Ha! au centre du monde, pas si loin de Beyrouth, au coeur même du langage (L’A-B-D-A-A).
Jusqu’où peut-on aller dans la mise en relation de réalités à ce point étrangères? Des correspondances qui semblent parfois pour le moins farfelues et qui pourtant, lorsqu’on accepte de suivre l’artiste dans son univers, prennent tout leur sens. Un jeu qui s’adresse à l’intelligence des visiteurs sans les assommer. En période de grand souci économique, du grand Soucy qui propose la Révolution par le plaisir.
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