Titanic : Immersion complète
Fabuleux voyage au coeur de la plus célèbre des catastrophes navales, l’exposition Titanic débarque à Montréal après avoir été vue par 2 millions de personnes.
Trois ans après la fermeture du cinéma qui l’occupait, le 5e étage du Centre Eaton revit sous le nom de Centre d’exposition de Montréal, nouvel espace destiné à une forme de divertissement éducatif déjà bien installée chez nos voisins du sud: l’"éduculture". Jusqu’ici, aucune salle d’exposition montréalaise ne pouvait accueillir une exposition thématique de cette envergure.
Bijou de luxe et de technologie, le dernier-né de la R.M.S. White Star Line fait naufrage sur une mer calme, lors de son voyage inaugural du 10 avril 1912. On imaginait ce géant des mers absolument insubmersible, au point où la quantité de canots de sauvetage prévue était de loin inférieure au nombre de ses occupants – le Titanic était en son temps un véritable miracle, emportant à son bord 2228 passagers. À la suite de sa collision fatale avec un iceberg, comme on le sait, des perforations dans sa coque eurent raison de lui et l’envoyèrent à près de quatre kilomètres de profondeur au large des côtes de Terre-Neuve. Moins du tiers de ses occupants survivront.
En 12 tableaux, l’exposition Titanic est une incursion multisensorielle à travers près de 300 objets rescapés du fond des mers. Notre parcours commence dans les chantiers navals de Belfast, où a été construit le navire. On monte à son bord avec en main une reproduction de la carte d’embarquement de l’un des passagers: son nom, son âge, sa provenance, sa destination, la classe dans laquelle il voyageait, son numéro de cabine, des détails personnels et les circonstances de son voyage. Le visiteur est ensuite amené à déambuler à travers des décors grandeur nature, reconstitutions partielles du paquebot. Les bruits, la musique, les modifications de température et d’éclairage recréent avec succès l’atmosphère à bord, à grand renfort d’informations et d’anecdotes. À voix basse, un visiteur mélomane commente la musique et un horloger parle à sa copine des montres de la fin du 19e siècle. Les objets récupérés sont les touchants témoins de la vie de ces gens, en voyage ou émigrant dans l’espoir d’une nouvelle vie.
D’une pièce à l’autre, l’excitation des visiteurs ainsi que la longueur de leur temps d’arrêt devant les artéfacts et les constructions suffisent à démontrer à quel point cette expo fonctionne bien. Dans la salle des machines, on a un aperçu de la chaleur et des conditions dans lesquelles les hommes y travaillaient, et dans l’admirable reconstitution du décor nocturne et glacial du naufrage et du sauvetage, le visiteur peut toucher une structure de glace évoquant l’iceberg et y laisser l’empreinte de sa main. À la fin, la partie scientifique de l’exposition est consacrée à l’histoire de la localisation et à la découverte de l’épave au milieu des années 80, à ses explorations par des submersibles, aux expéditions de récupération, au traitement et à la récupération des objets.
Vient ensuite le moment de trouver le passager dont on a reçu la carte d’embarquement, sur la liste des 2228 noms rassemblés dans la galerie commémorative; des enfants y pleurent en constatant que "leur" petite fille est morte, d’autres discutent de la fière allure du capitaine. On en sort comme d’un rêve. Incontournable.