Les frères Gao : Il était une fois dans l'Est
Arts visuels

Les frères Gao : Il était une fois dans l’Est

Les frères Gao, Zhen et Qiang, réalisent depuis plus de 20 ans un art engagé. Mao au pays de Pinocchio et des transsexuels.

Mode passagère ou phénomène plus profond? Nouvelle hype ou nouvelle vague? Ce qui est sûr, c’est que l’art chinois a la cote depuis quelques années. En 2007, le marché de l’art chinois est même devenu le troisième au monde derrière celui de la Grande-Bretagne et celui des États-Unis. Les prix se sont envolés, ni plus ni moins.

Un exemple, un tableau très à la mode et très décoratif de Zhang Xiaogang (Bloodline: The Big Family No.3) fut vendu plus de 5 millions de dollars en avril dernier. Les oeuvres de cet artiste valaient encore 5000 dollars en 2000! Répétons-le, l’histoire de l’art est celle des nations dominantes. Il n’est donc pas étonnant de voir l’art de la Chine prendre de la place sur la scène du marché de l’art international. Cela risque de se poursuivre malgré la crise du capitalisme insouciant que nous vivons. Il faut dire que plusieurs artistes chinois réalisent un art qui vaut bien (esthétiquement) celui de beaucoup d’artistes occidentaux…

Les frères Gao (46 et 52 ans) représentent un bon exemple de cet art qui est à la fois en compétition et en dialogue avec l’art états-unien et européen. Vous y trouverez des références à la culture asiatique, mais surtout un ton et une approche propres à l’art moderne et postmoderne de l’Occident.

Représentations de Mao en transsexuel (et devenu capitaliste?), ayant un nez de Pinocchio, souriant et exhibant ses seins; dragon rouge sortant du vagin d’une autre Mao au corps doré… Voilà quelques éléments de l’art des frères Gao exposé ces jours-ci à la Galerie Art Mûr, dans le cadre de l’exposition Sense of Space. Un mélange entre une esthétique très proche des mangas (du Japon) et des manhuas (bandes dessinées chinoises), mais surtout un art qui fait référence à l’art occidental. Dans le cas des représentations de Mao en transsexuel (intitulées Miss Mao), le Pop Art n’est pas loin. Une pincée (parfois assez grosse) d’ironie totalement postmoderne pimente encore plus le tout. Dans d’autres oeuvres (qui ne sont pas exposées ici), c’est l’art de la performance qui est évoqué. Des corps nus ou habillés sont mis en scène dans des performances comme dans The Utopia of 20 Minutes Embrace qui dénoncent l’aliénation humaine et le désir de véritablement entrer en contact avec les autres. Spencer Tunick n’est pas loin.

Le travail des frères Gao fut un des moments forts des Rencontres photographiques d’Arles en 2007 et risque bien de retenir l’attention dans le futur.

DAVID SPRIGGS

Vous profiterez de cette visite à la Galerie Art Mûr pour voir les plus récentes oeuvres de David Spriggs. Il y poursuit son travail picturo-sculptural. Spriggs réalise des oeuvres composées de juxtapositions d’une multitude de feuilles de plastique translucides peintes à l’acrylique. Dans cette série intitulée The Emergence of Perception, il évoque des phénomènes naturels gigantesques, telle cette vue d’un cyclone accrochée au plafond de la galerie…

À voir si vous aimez /
Andy Warhol, Spencer Tunick