Revue 2008 / Arts visuels : La culture? What the fuck!
Arts visuels

Revue 2008 / Arts visuels : La culture? What the fuck!

En 2008, la culture fut-elle importante au Canada? Et Montréal a-t-elle assez défendu ses arts visuels?

Cette année, les coupures dans les budgets des arts au fédéral ont fait mal. Par exemple, la SAT (Société des arts technologiques) a évalué à 900 000 $ son manque à gagner. Avec raison, plusieurs ont dénoncé combien ces coupures dénotent une idéologie (de droite) déconnectée de la réalité du Canada, pays où le marché de l’art et le nombre des mécènes sont restreints.

La culture n’est pas intouchable. Personne dans le milieu de l’art n’a prétendu cela. Certains programmes pourraient être refaçonnés, mais avant de sabrer dans ceux-ci, encore faudrait-il démontrer qu’ils étaient "inefficaces". C’est pourtant ce que prétendait récemment le nouveau et très inexpérimenté ministre du Patrimoine, James Moore, 34 ans, détenteur d’un bac en sciences politiques et qui fut animateur d’une émission d’affaires publiques à la radio.

Le problème, avec ces coupures arbitraires, réside plus dans l’idée, sous-entendue, que bien des créations actuelles seraient n’importe quoi… À quand un art canadien académique, convenable et convenu, qui ne dérangerait personne? Rappelons-le, depuis deux siècles, l’art n’est plus une réponse réconfortante à la vie, mais bien une question (très souvent provocante) afin de faire réfléchir. Et ce ne sont pas les coupures dans les subventions au groupe Holy Fuck ou à des artistes visuels aussi "étranges" qui y changeront la moindre chose.

Heureusement, en 2008, certains ont cru en notre culture. Un des événements majeurs dans notre province, cette année (et cette dernière décennie), fut sans nul doute la Triennale québécoise au Musée d’art contemporain. Après le départ de Marc Mayer (pour le Musée des beaux-arts d’Ottawa), annoncé fin novembre, il faut espérer que la prochaine personne à la direction de cette institution poursuivra ce projet essentiel. Si nous ne défendons pas nos artistes, qui le fera? Nous sommes encore trop souvent tournés vers l’extérieur. Un exemple: la Fondation DHC/Art, qui a fait un travail extraordinaire cette année, entre autres avec l’expo de la Française Sophie Calle, se devra aussi de monter des solos d’artistes d’ici.

Cette consécration de notre culture est d’autant plus importante que cette année, Toronto, elle, s’est donné des moyens imposants: agrandissement de la Art Gallery of Ontario par Frank Gehry, du Royal Ontario Museum par Daniel Libeskind…

Espérons que la mort de Betty Goodwin, début décembre, ne soit pas le signe de la fin d’une époque culturelle.

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TOP 10

1. La Triennale québécoise au MAC. L’événement dont l’art d’ici a besoin.

2. Warhol Live au MBA. Stéphane Aquin a monté une expo pour le grand public et les spécialistes.

3. Actions: comment s’approprier la ville au CCA. L’espace public appartient encore aux citoyens.

4. Darboral de Massimo Guerrera (Fonderie Darling, Musée des beaux-arts d’Ottawa). Une absolue justesse de ton.

5. Erwin Wurm (Galerie de l’UQÀM), du regretté commissaire et artiste Patrice Duhamel. Ils nous ont appelés à voir autrement le monde.

6. Valérie Blass (Parisian Laundry). Elle a ruiné l’art du joli.

7. Ed Pien (Musée de Joliette). Pour son antre délicieux.

8. Janice Kerbel (Centre Optica). Elle a exhibé le spectaculaire en art.

9. Jacques Bilodeau (édifice Aldred). Pour ses sculptures néo-post-minimalistes.

10. Les photos d’êtres dysfonctionnels des frères Sanchez (Maison des arts de Laval).