Diane Landry : Les parapluies de Joliette
Arts visuels

Diane Landry : Les parapluies de Joliette

Plus que quelques jours pour voir la rétrospective consacrée à Diane Landry par le Musée d’art de Joliette. Nous en profitons pour revenir avec elle sur l’évolution d’une oeuvre ludique, inclassable.

Des lits-futons qui carillonnent, un champ de parapluies qui inspirent et expirent, un monde urbain miniaturisé que font tourner des tourne-disques recyclés… Bienvenue chez Diane Landry, figure majeure de l’art contemporain dont une rétrospective préparée par le Musée d’art de Joliette, intitulée Les Défibrillateurs, synthétise les 20 années de carrière.

"C’est un très beau moment pour moi que de revoir tous ces projets réunis", nous dit l’artiste, dont l’oeuvre n’avait jamais fait l’objet d’un tel regard rétrospectif. "C’est l’occasion de mesurer la cohérence d’une démarche, évidemment, et de ce côté-là, je suis assez contente! J’étais heureuse par ailleurs que la conservatrice Eve-Lyne Beaudry et moi soyons d’accord pour ne pas en faire un parcours chronologique, choisissant plutôt de mettre en relation des oeuvres, même s’il y a parfois 10 ans de distance entre elles."

Ici, tout se répond, même si les pièces ne se ressemblent guère. Une réelle audace dans la manière d’occuper l’espace, le désir d’intégrer la notion de performance à l’oeuvre visuelle, y conférant une dimension temporelle; la récurrence de certains motifs donne à l’ensemble une portée nouvelle. "Je dis toujours: je n’aurais jamais créé cela s’il n’y avait pas eu ceci d’abord, et ainsi de suite. Il y a tout un aspect technique dans mon travail, il faut dire, et chaque succès ou erreur, sur le plan technique, a une incidence sur la création qui va suivre."

Autre trait dominant, la récupération d’objets, dont la fonction première sera ensuite détournée. Un écho sans doute à l’univers de René Magritte, adepte de la perversion des objets et de leur transposition dans le registre du surréalisme, et dont Diane Landry dit s’inspirer beaucoup. Le tout coïncidant avec une époque où le recyclage allait devenir une nécessité. "Recycler, je fais ça depuis toujours, en fait. Quand j’étais jeune, si j’avais besoin d’une paire de pantalons, j’en prenais une existante et je la modifiais. Ça m’amusait plus que d’en faire une comme telle. Au fond, c’est ce que je fais, encore aujourd’hui! Puis est venue l’idée de collectionner des objets inusités. Par exemple, en 1990, j’ai conçu un projet avec Jocelyn Robert qui s’appelle Environ 8000 km. Nous avons parcouru le Canada à bicyclette, d’ouest en est, et nous avions chaque jour un horaire très précis: à telle heure, ramasser un objet, prendre une photo de cet objet, puis une photo du paysage vers l’est, un échantillon sonore… Nous avons assemblé tout ça en une installation."

Un segment d’Environ 8000 km est d’ailleurs présenté au Musée de Joliette, ainsi que plusieurs réalisations majeures, La Table-neige ou Le Bouclier perdu par exemple, et même une pièce inédite réalisée plus tôt cette année, alors que l’artiste occupait le Studio du Québec à New York.

Amateurs d’art contemporain, le congé des Fêtes n’est-il pas le moment idéal pour un petit crochet du côté de Joliette?

À voir si vous aimez /
William Kentridge, Michel Goulet, Rober Racine