Actions: comment s’approprier la ville : Quand on arrive en ville
L’expo Actions: comment s’approprier la ville nous dit que l’espace public est à réinventer. Une réflexion passionnante sur nos habitudes d’urbains.
C’est l’une des expos les plus intelligentes parmi celles présentées ces jours-ci. Si ce n’est déjà fait, précipitez-vous pour la voir. À pied, à cheval, en bicyclette, en skateboard ou tout autre moyen de transport écologique que vous pourrez trouver ou inventer. Laissez-vous aller, réappropriez-vous légalement ou illégalement l’espace public. C’est d’ailleurs le propos de cette expo formidable.
Quatre-vingt-dix-neuf propositions vous invitent à rependre en main votre espace environnant d’une manière positive. Voilà un message fort, alors que depuis 1968, l’espace urbain est de plus en plus contrôlé: parcs fermés la nuit, caméras de surveillance, interdiction de manifestations spontanées, affichage personnel passible d’amende… Pourtant, la publicité, elle, a envahi nos espaces publics et privés: paysage infesté d’affiches gigantesques, boîtes aux lettres submergées de brochures allant à la poubelle, boîtes vocales et téléphones utilisés par des compagnies forçant la vente, ordinateurs remplis de pourriels…
Le co-commissaire de l’expo, le directeur du Centre canadien d’architecture (CCA) Mirko Zardini, cite dans le catalogue publié pour l’occasion l’économiste Serge Latouche, qui dénonce la passivité dans laquelle nos sociétés nous ont placés. Latouche critique nos modèles actuels de développement, il prône une économie de décroissance où le recyclage serait une nécessité absolue, où la publicité incitant au gaspillage serait remise en question et où l’on réduirait les déplacements très polluants des marchandises… La prochaine révolution sera écologique et elle passera par une autre approche de nos espaces publics.
Des exemples? Urban Repair Squad, de Toronto, a créé 5 km de pistes cyclables illicites dans la ville, fatigué d’attendre que les autorités agissent. L’artiste Lauren Bon, à Los Angeles, a utilisé un immense terrain industriel abandonné pour y planter du maïs… Des propositions emballantes que vous pourrez aussi consulter sur le site du CCA. Nous regrettons seulement l’absence de l’ATSA et de Roadsworth.
LUMIERE CELESTE
Profitez de cette visite au CCA pour voir, dans la petite salle octogonale, Lumière zénithale: vitrages plafonnants de 1760 à 1960. Une expo extrêmement bien documentée et installée par Pierre-Édouard Latouche, commissaire de l’exposition et conservateur adjoint de la collection du CCA. De la Halle au blé de Paris au 18e siècle à la Faculté d’histoire de l’Université de Cambridge au 20e siècle, en passant par la Grande Galerie du Louvre et le Crystal Palace.
À voir si vous aimez /
Roadsworth et l’ATSA