Isabelle Clermont : Art intensif
Ancienne marcheuse olympique, Isabelle Clermont établit des liens entre l’entraînement sportif et la création artistique dans Poésie kinesthésique.
Pendant une dizaine d’années, compétitions et marche olympique ont occupé toutes les pensées d’Isabelle Clermont. Devenue artiste, elle transpose maintenant son passé d’athlète de haut niveau à sa création artistique, comme en témoigne sa plus récente exposition, qui est aussi son projet de maîtrise à l’Université Laval, Poésie kinesthésique.
"À l’été 2007, je suis allée sur les chemins de Compostelle. Ça aurait pu être n’importe où dans le monde puisque ma démarche repose sur l’interrelation entre l’activité physique et l’activité artistique, via la marche", explique celle qui aspirait à un nouveau défi. "Je suis allée là-bas avec deux paires de bas, un t-shirt… J’avais quatre carnets dans mon sac à dos, mes crayons aquarelle et ma gourde d’eau attachée sur une des courroies." Sur les routes espagnoles, la Grand-Méroise d’origine se donne comme règle de dessiner sans jamais arrêter le pas. "Je ne marchais pas à 40 km/h non plus! Mais j’avais un bon rythme. Je voulais que l’énergie, ce qui est non perceptible, l’effort ou ce qui se passe dans ma tête ne soit pas vraiment pensé, que ça se traduise tout de suite dans mon calepin. Évidemment, j’ai été influencée par l’architecture extérieure, mais je la compare à mon paysage corporel. Quand je voyais des maisons ou des fenêtres un peu amochées, ça me rappelait mon corps aussi: les douleurs dorsales ou ce qui chez moi était en mauvais état."
Les quatre petits carnets, qui laissent voir un intérêt évident pour les données géographiques et topologiques, sont exposés à la Galerie R3 sous des cloches en verre. À eux s’ajoutent les dessins préparatoires au voyage, des photos ainsi qu’une vidéo qui propose un survol introspectif de la randonnée. En fait, l’expo Poésie kinesthésique, qui est disposée en trois sections, calque les phases d’entraînement d’un athlète: la préparation, l’exécution et le retour. Un processus qui ressemble étrangement à celui de l’artiste. "On a le même processus de pensée, l’artiste et l’athlète, commente Isabelle Clermont. On a des étapes à faire. On embarque dans le même questionnement: l’avant, le pendant, l’après. Et on a des modes de vie assez similaires…"
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