Bernini : Éloquence du marbre
L’exposition de sculptures de Bernini fait découvrir aux visiteurs un travailleur acharné, en quête du plus haut degré de la perfection.
À première vue, l’exposition Bernini et la naissance du portrait sculpté de style baroque, présentement à l’affiche au Musée des beaux-arts du Canada, pourrait en laisser plusieurs indifférents. Le genre de cette époque lointaine n’attise généralement pas les foules, du moins, pas autant que le flamboyant mouvement artistique l’ayant précédé, en l’occurrence celui de la Renaissance. Pourtant issu de cette époque, Michel-Ange est l’instigateur désigné du style baroque des 16e et 17e siècles, fortement influencés par le pouvoir de l’Église catholique et ce, particulièrement à Rome, qui lui doit tout aujourd’hui de son architecture caractéristique. Mais encore, nombreux sont les chefs-d’oeuvre issus de cette ère d’extravagance, et ceux du maître Bernini n’y font pas exception.
Ici, il est possible de contempler les aboutissements d’une virtuosité presque surréaliste, accomplie par un véritable prodige de la sculpture du marbre. Le matériau, qu’un spectateur pourrait facilement relier à dureté et froideur, semble ainsi perdre ces qualités initiales sous la tutelle créatrice du Bernin. En découle une perfection ultra-aseptisée, où la trace de l’artiste, maintenant invisible, laisse place à une finition associée à celle que pourrait façonner une machine. Le créateur italien fait ainsi paraître le travail de portraiture de l’élite sociale (les cardinaux, papes et autres "messeigneurs") très, très élémentaire.
Mis à part la monotonie engendrée par un choix d’oeuvres plutôt ressemblantes, les ébauches de l’artiste, qui dépeignent avec une certaine dose de spontanéité son entourage immédiat, sont marquantes. L’exécution reste toutefois précise, à l’image de ses bustes sculptés. Un pertinent documentaire produit par la BBC (à voir avant d’entamer la visite) donne aussi un aperçu détaillé de la carrière de Bernini, en présentant des ouvrages de grande envergure (Apollon et Daphné, L’Extase de sainte Thérèse d’Avila), et en précisant quelques croustillants détails sur sa vie personnelle: l’origine du célèbre marbre à l’effigie de Costanza Bonarelli, la rivalité qui l’opposait à l’architecte Borromini, et plus encore.
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