Claude Tousignant : Révolutions de couleur
La rétrospective Claude Tousignant au MAC permet de revoir plusieurs oeuvres majeures: Gongs, Accélérateurs et autres tableaux d’une grande efficacité visuelle.
Voici une rétrospective qui va permettre d’avoir un point de vue plus complet sur notre art abstrait. Pour ceux qui n’ont pas vécu l’aventure artistique des années 50, 60, 70, voilà une occasion exceptionnelle. Claude Tousignant, qui a fêté ses 76 ans en décembre dernier, a été un peu oublié ces derniers temps, un peu éclipsé par son collègue du mouvement des Seconds Plasticiens, Guido Molinari. Ce dernier, cherchant souvent le débat, a plus attiré l’attention des médias… Il était temps que l’oeuvre de Tousignant soit l’objet d’une présentation d’envergure. Le Musée d’art contemporain (MAC) remplit ici une de ses missions, celle de nous donner à revoir et relire notre histoire culturelle récente. Le catalogue ainsi produit est un outil très précieux, ne serait-ce que parce qu’il précise certains faits et dates. Cette expo permet entre autres, dans une approche muséale judicieuse, de revoir six des neuf toiles présentées lors de la célèbre expo de Tousignant en 1956 à la Galerie L’Actuelle.
Mais quel bilan esthétique faut-il tirer de ce panorama s’étalant sur plus de 50 ans? Certes, dans cette oeuvre, il y a des répétitions (surtout dans les dernières salles). C’est le lot de beaucoup d’artistes abstraits (et figuratifs). Néanmoins, l’abstraction s’y dévoile encore comme une forme de contestation esthétique. Dans une époque où la possession de toujours plus de choses et d’argent compte beaucoup, voilà une oeuvre épurée qui est radicale de par sa simplicité, de par son attention à l’impact visuel des variations de couleurs, de tons, de détails dans l’accrochage… Mais il y a plus. Je vais m’autoriser un lien inattendu. L’art de Tousignant est une poursuite de l’art des fauves (et autres modernes), qui ont cru en une révolution par la couleur. Il y a dans ses oeuvres tachistes et ses tableaux hard-edge des années 50 (parfois faits avec de l’émail d’automobile), ou dans ses Gongs, Accélérateurs et Transformateurs chromatiques des années 60, une frappante explosion de couleurs. Les pigments y incarnent une contestation de la norme. Dans certaines des premières salles, on se brûle presque les yeux. Il faut aller au MAC pour réaliser à quel point le travail optique de Tousignant n’a rien à envier à celui de la célèbre artiste britannique Bridget Riley.
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