Galerie Simon Blais : Plein la vue
La Galerie Simon Blais fête ses 20 ans. Rares sont les galeries québécoises spécialisées en art moderne et contemporain qui ont traversé ainsi les ans.
La fin des années 80 fut importante pour le milieu des arts au Québec avec l’ouverture de plusieurs lieux d’exposition à Montréal. En 1986, René Blouin fondait sa galerie, qui est devenue l’une des plus connues au Canada. Le Centre Skol ouvrait aussi cette année-là, tout comme les galeries Chantal Boulanger et Christiane Chassay, qui toutes deux ont fermé leurs portes depuis. Trois Points, qui a fêté ses 20 ans l’an dernier, ouvrait deux ans plus tard. Et puis, en 1989, naissaient le centre Occurrence et la Galerie Simon Blais. Cette dernière a soutenu un nombre important de jeunes talents, mais aussi d’artistes modernes classés. Nous nous souviendrons, par exemple, que c’est chez Simon Blais que le grand peintre Jean McEwen a montré sa dernière expo, en 1998.
Pour souligner ses deux décennies d’activité, la Galerie Simon Blais a préparé toute une série d’expositions qui couvriront l’année entière. Du 22 avril au 6 juin, se tiendra une expo placée sous les auspices du dialogue artistique. Pour cet événement, intitulé La Rencontre, la galerie a demandé à des créateurs d’effectuer une "réponse" à une oeuvre ancienne. Avec la participation de Stéphanie Béliveau, Michel Campeau, Bertrand Carrière, Serge Clément, Jean-Sébastien Denis, Éliane Excoffier, Michel Goulet, Julie Ouellet, Louise Robert, Marc Séguin, Irene F. Whittome, Max Wyse… Suivra une expo de sculptures de Riopelle réalisées entre 1960 et 1973, du 10 juin au 1er août. De plus, pour marquer ces 20 ans, Sylvie et Simon Blais ont décidé de créer une fondation (www.fssb.ca) qui décernera, en mai prochain, un prix à un ou une étudiant(e) artiste.
En attendant, vous pouvez voir ces jours-ci, chez Simon Blais, l’expo Coups de coeur: 20 ans de collection d’art moderne. Vous y retrouverez des oeuvres qui ne sont pas à vendre (elles font partie de la collection privée de Sylvie et Simon Blais) et d’autres ayant un prix affiché (et qui appartiennent à l’important fonds que la galerie a développé au cours des ans). Parmi la cinquantaine d’oeuvres modernes exposées (de Betty Goodwin, Guido Molinari, Yves Gaucher, Marcelle Ferron, Denis Juneau…), quelles sont les pièces les plus marquantes? Plusieurs Jean McEwen mériteront toute votre attention. De cet artiste, on remarquera en particulier Climat rouge, grande huile sur toile de 1957, éclatement chromatique, dérapage contrôlé de couleurs. Trois oeuvres d’Edmund Alleyn datées de 1959, 1960 et 1961 sont aussi impressionnantes. Moi qui ai souvent trouvé qu’Alleyn s’était assagi dans son travail tardif, je dois dire que ces pièces m’ont à nouveau convaincu de la force de sa production de jeunesse.
Certes, d’autres oeuvres se révèlent bien moins fortes, tels cette statue convenue de Roseline Granet montrant Le Grand Jean Paul (Riopelle) ou ce petit cheval de bronze très académique de Joe Fafard. Mais bon, mes lecteurs assidus sauront que les vaches de Fafard ne me font pas un effet boeuf et que ses poulains ne seront jamais mon cheval de bataille en art contemporain… Néanmoins, un intéressant panorama de l’art moderne.
À voir si vous aimez /
L’expo Pour l’art, OEuvres de nos grands collectionneurs privés au MBA l’an dernier